Malgré le discours de Jair Bolsonaro dans lequel il promettait de démarrer rapidement la transition et condamnait les blocages de routes, les manifestations violentes ont continué cette semaine au Brésil. Les partisans du président sortant ont organisé des rassemblements devant les commandements militaires afin de réclamer l’intervention de l’armée. Des comportements qui font craindre un coup d’Etat dans un pays longtemps soumis à une dictature militaire.
Un lourd silence pendant deux jours
Les Brésiliens ont élu, le dimanche 30 octobre, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) avec 50,9 % des voix au second tour de la présidentielle, contre 49,1 % pour le chef d’Etat sortant Jair Bolsonaro. Celui-ci n’a pas immédiatement reconnu sa défaite, encore moins adressé des félicitations à son adversaire. Il a attendu deux jours, avant de sortir de son lourd silence, depuis sa résidence officielle d’Alvorada, à Brasilia. En effet, le mardi 1er novembre, le chef populiste a fait un discours pour déclarer qu’il continuera « à respecter la Constitution » tant qu’il sera « président de la République. Aussi, s’est-il engagé, avec son équipe, à débuter rapidement le processus de transition qui se terminera officiellement le 1er janvier.
Des actions qui font partie du jeu démocratique
Cependant, Jair Bolsonaro a manqué de féliciter Lula pour sa victoire comme l’espérait la communauté internationale. Il a simplement appelé ses partisans à mettre fin aux blocages routiers et à n’organiser que des rassemblements « pacifiques ». « Je vous lance un appel : débloquez les routes. Cela ne me paraît pas faire partie des manifestations légitimes », a-t-il déclaré. Le leader d’extrême droite a toutefois encouragé, à demi-mot, les actions de ses partisans, en déclarant qu’elles font partie « font partie du jeu démocratique » et qu’« elles sont les bienvenues ». Pis, il a laissé entendre que ces manifestations sont « le fruit de l’indignation et d’un sentiment d’injustice ».
Manifestations devant des commandements militaires
Il n’en fallait pas plus pour faire redoubler d’ardeur ses partisans. En effet, ils ont continué de manifester le jour suivant. En particulier les chauffeurs de camions omniprésents sur les routes depuis le début de semaine. Ces partisans ont dressé plus de 250 barrages routiers dans au moins 23 des 27 Etats du Brésil. Au total, quelque 776 manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays (Sao Paulo, Brasilia, Rio de Janeiro, etc). À Mirassol. Dans l’Etat de Sao Paulo, un automobiliste a même percuté des manifestants près d’un barrage routier, faisant au moins sept blessés.
Un appel à la résistance civile
Mercredi 2 novembre, de nombreux protestataires ont assiégé les commandements militaires de 11 Etats afin de réclamer l’intervention de l’armée. Certains scandaient « Lula, voleur, ta place est en prison » rappelant son implication dans une affaire de corruption et de blanchiment d’argent, en lien avec le groupe pétrolier Petrobras. D’autres ont carrément appelé à la « résistance civile » contre « l’élection frauduleuse » du candidat de gauche soutenu par la communauté internationale (Etats Unis, Union européenne). Malgré ces appels, la tension a baissé depuis mercredi. Principalement grâce à l’intervention de l’armée qui se montre républicaine jusqu’à ce jour.