En Afghanistan, l’étau islamiste se resserre autour des filles. Déjà privées d’enseignement secondaire depuis plusieurs, elles se voient désormais interdit l’accès à l’université. Une décision prise par le ministère de l’Enseignement supérieur, pour une durée indéterminée.
Le mercredi matin, les étudiantes afghanes ont dû rebrousser chemin aux portes des universités, sur ordre du régime Taliban. Celui-ci leur a interdit l’accès aux temples du savoir pour non-respect du code vestimentaire. Cette décision a été annoncée sur les réseaux sociaux par le ministère de l’Enseignement supérieur, qui n’en a pas précisé la durée.
Trois moins après des examens d’entrée à l’université
L’interdiction de Kaboul intervient moins de trois mois après que les jeunes femmes ont passé les examens d’entrée à l’université dans tout le pays. Elles espéraient obtenir leurs diplômes et embrasser des carrières d’ingénieur ou de médecin. Mais c’était sans compter avec les fondamentalistes au pouvoir depuis août 2021. Les Taliban avaient pourtant promis de se montrer plus souples que lors de leur premier règne (1996-2001). Mais ils n’ont fait que multiplier les mesures liberticides envers les femmes.
Effacer la femme de l’espace public afghan
Après leur prise du pouvoir, les islamistes ont d’abord commencé par séparer les filles et les garçons pendant les heures de classe. Ils ont ensuite fermé les écoles secondaires aux jeunes femmes en mars 2022, sur ordre direct de leur chef suprême, Haibatullah Akhundzada. Puis, ils ont mis en place une politique d’exclusion progressive des femmes de l’espace public. Cela impliquait de les bannir de la gouvernance et de la plupart des emplois publics en contrepartie de salaires misérables. Le régime leur a également retiré le droit de voyager seule sans un moharam, un parent masculin.
Répression des manifestantes
En outre, les Taliban ont exigé que les jeunes femmes se couvrent d’une burqa ou d’un hidjab lorsqu’elles sortent de chez elles. Le mois dernier, ils leur ont même interdit d’entrer dans les parcs, jardins, bains publics et salles de sport. Toutes ces décisions sont prises au nom d’une interprétation ultra-rigoriste de l’Islam, qui veut cantonner les filles au foyer. Face à cette politique liberticide, les victimes organisent la résistance. Mais celle-ci reste encore trop timide. On note quelques manifestations rassemblant à peine cinquante personnes. Les Afghanes craignent de croupir dans les geôles du régime.
Une décision barbare pour les Etats Unis
Résignées à leur sort, plusieurs d’entre elles ont fait le choix de continuer d’étudier à la maison. Une situation inacceptable pour de nombreux Afghans. Ils expriment leur amertume sur Twitter. Notamment Omar Zakhilwal, ex ministre des finances sous l’ancien gouvernement, qui estime que la nouvelle interdiction « n’a aucun fondement religieux, culturel ou logistique ». Pour lui, il s’agit « d’une grave violation des droits des femmes à l’éducation ». La communauté internationale, qui avait lié la reconnaissance du régime et l’aide humanitaire au respect des droits humains, a crié son désarroi. En particulier les États-Unis, qui évoquent une « décision barbare ». Pour sa part, l’ONU exhorte les talibans à « assurer l’égalité d’accès à l’éducation à tous les niveaux ».