Opiniatre 28 juin 2024
Upamecano, défenseur des Bleus.

Les Bleus jouent leur huitième de finale de l’Euro 2024 ce lundi, au lendemain du 1er tour des législatives anticipées. Ce scrutin pourrait être remporté par le Rassemblement National (RN), qui prendrait alors la tête du gouvernement. Or ce parti d’extrême droite a toujours eu une aversion pour les joueurs d’origine étrangère.

Après une phase de poule fade, à l’issue de laquelle elle a fini 2e du groupe D, l’équipe de France de football affronte le lundi 1er juillet la Belgique en huitièmes de finale de l’Euro 2024 en Allemagne. Cette sélection pétrie de talents pourrait nous surprendre avec une suite de compétitions toute en maîtrise. Et, en cas de victoire finale le 14 juillet prochain, elle offrirait un magnifique cadeau à la nation, qui célèbre ce jour-là sa fête nationale.

Le Rassemblement National (RN) voit noir dans les Bleus

Mais ce présent pourrait ne pas totalement plaire au Rassemblement National (RN). Le parti d’extrême droite, qui prendrait la tête du gouvernement s’il remportait les législatives du 7 juillet prochain, a une aversion notoire pour cette sélection colorée. Depuis près de 30 ans, il ne se reconnaît pas en ces Bleus, un peu trop « noirs » à son goût…Comprenez par-là qu’il y a trop de joueurs d’origine africaine dans cette équipe.

Jean-Marie Le Pen s’en était déjà pris aux « joueurs de l’étranger »

En 1996, le père du Rassemblement National (alors appelé Front National ou FN), Jean-Marie Le Pen jugeait déjà « artificiel de faire venir des joueurs de l’étranger et de les baptiser équipe de France ». Il déplorait aussi que la plupart d’entre eux « ne chantent pas ou ignorent La Marseillaise ». Son parti, désormais dirigé par sa fille Marine Le Pen, continue de s’attaquer à ceux qui ne chantent pas cette hymne, comme Karim Benzema.

Le RN soupçonne le « grand remplacement » partout

Ces dernières années, les partisans du RN ont maintes fois dénoncé un « grand remplacement » en France, y comprend dans le sport. Ils ciblent en particulier l’équipe nationale de football, où il y aurait 2 ou 3 pauvres « petits blancs » noyés parmi une vingtaine d’Africains, des blacks et des maghrébins. En apparence, ils n’ont pas tort car la sélection actuelle compte à peine une poignée de « blancs ». Ce sont Jonathan Clauss, Theo Hernandez, Antoine Griezmann et Olivier Giroud.

Didier Deschamps préfèrerait les joueurs noirs athlétiques

Les militants d’extrême droite se disent d’autant choqués par cette domination des joueurs noirs qu’il y a des « blancs » qui auraient pu prétendre à la sélection nationale mais qui jouent aujourd’hui pour d’autres nations. Ils citent Aymeric Laporte et Robin Le Normand, qui ont dû se tourner vers l’Espagne, faute d’avoir été appelés par Didier Deschamps. Ce dernier privilégierait les footballeurs athlétiques, que seraient les « blacks ».

Les adversaires des Bleus en remettent une couche

Ailleurs dans le monde, on s’offusque aussi du très grand nombre de joueurs noirs dans les Bleus. Notamment en Argentine et en Italie, pays connus pour avoir des équipes entièrement « blanches » depuis toujours. Le Corriere Della Sera parlait évoquait des « champions africains mêlés à de très bons joueurs blancs », lors de la Coupe du monde en Russie. Au Qatar, l’Albiceste et ses supporters ont sorti les mêmes jérémiades, sous fond de racisme cette fois.

Les Bleus « noirs », bien Français

Les Africains aussi s’y mettent, en parlant « d’équipe africaine ». Certains accusent la France d’avoir volé leurs talents comme elle vole leurs ressources naturelles. Pourtant, ces Bleus sont tous nés en Hexagone, hormis Brice Samba (Congo) et Eduardo Camavinga (Angola). La couleur de peau et l’origine ne font d’ailleurs pas la nationalité. Par ailleurs, il faut objecter que ces joueurs sont de purs produits de la formation française. Ils n’ont donc pas été arrachés comme cela à leur terre d’origine, en tant que « produits finis ».

De la nécessité de rejeter toute politique raciste en France

Ces accusations doivent cesser car elles donnent du grain à moudre au RN, qui rêve d’une équipe entièrement « blanche ». A l’image de celle de l’Afrique du Sud pendant l’Apartheid. Cette idéologie est très éloignée des valeurs de la République française. Elle sacrifie d’ailleurs le talent au profit de la couleur de peau. Certes, une équipe entièrement « noire » pourrait également gêner dans un pays prônant la mixité. Mais il ne faut pas en faire un fonds de commerce et le point focal d’une politique raciste.

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