Des internautes japonais critiquent l’éditeur Ubisoft pour avoir supposément tronqué l’histoire de leur pays en représentant l’esclave noir Yasuke en Samouraï dans le jeu Assassin’s Creed Shadows. Pourtant, il s’agit d’un simple jeu, donc d’une fiction comme toute autre. Ce besoin d’exactitude historique ne cacherait-il pas du racisme ?
Depuis plusieurs jours, des internautes japonais et même occidental critiquent l’éditeur français Ubisoft pour avoir intégré un Samouraï noir, Yasuke, dans son jeu Assassin’s Creed Shadows, à sortir en novembre prochain. Ils ont même lancé une pétition en ligne pour exprimer leur désaccord avec le développeur et faire retirer le jeu.
Ubisoft coupable d’une grave insulte à la culture et à l’histoire japonaise
Pour les contestataires, il est historiquement impossible qu’un esclave noir ait été un Samouraï dans le Japon féodal. Ils argumentent que le personnage était simplement un porteur de sabre au service de son maître Oda Nobunaga. A leurs yeux, Ubisoft s’est rendu coupable d’une grave insulte à la culture et à l’histoire japonaise en représentant ce personnage en Samouraï. Mais ont-ils raison de réagir ainsi ? Pour le savoir, petit retour sur l’histoire du Samouraï décrié.
Yasuke a vécu au XVIe siècle
Si on se fie aux récits de l’époque, Yasuke a bien existé. Il est présenté dans les documents historiques comme une figure du XVIe siècle. Ce qu’on sait de lui, on le doit pour beaucoup à son maître Oda Nobunaga. Dans ses mémoires, ce seigneur de guerre japonais affirme que le serviteur noir est arrivé au pays du Soleil Levant en 1579 avec le missionnaire jésuite italien Alessandro Valignano. Il aurait été enlevé au Mozambique par des trafiquants d’esclaves portugais.
Le serviteur noir impressionnait par sa force physique
Au Japon, Yasuke a vite attiré l’attention des gens en raison de sa couleur de peau et de sa stature impressionnante. Oda Nobunaga, qui l’a pris sous son aile, le décrit comme un homme très grand, avec une force physique impressionnante et d’importantes dispositions intellectuelles. Il ne dit pas clairement que son valet était un Samouraï, mais ses propositions tentent de le faire croire. D’autres sources avancent que Yasuke a bien acquis un statut de guerrier grâce à ses capacités physiques.
Yasuke a survécu à la mort de son maître
Le serviteur a été témoin de nombreux événements importants, dont l’incident du Honnō-ji en 1582. Cette année-là, Oda Nobunaga, qui a travaillé à unifier son pays, a été contraint au seppuku (le suicide traditionnel pour partir avec son honneur sauf) par son traître général, Akechi Mitsuhide. Après sa mort, Yasuke aurait été capturé par les forces du rival Akechi. Mais, alors qu’il était coutume que les vassaux mettent fin à leurs vies en cas de démise de leur maître, il a continué à vivre.
Il bénéficiait de privilèges propres aux Samouraï
Le Samouraï aurait même eu une compagne et une descendance grâce à un mariage arrangé de son mentor décédé. Pour beaucoup d’internautes Japonais et Occidentaux, Yasuke n’avait pas le statut de guerrier. Il ne faisait que porter un sabre. Mais il faut noter qu’à l’époque du Japon féodal, l’appartenance à cette classe n’a pas toujours été l’apanage de certaines familles ou de certains privilégiés. Il y a eu des exceptions et l’esclave noir aurait pu en bénéficier en raison de ses qualités physiques et intellectuelles.
Ubisoft rappelle que c’est juste une fiction et non un documentaire historique
L’historien japonais Yu Hirayama rappelle aussi que Yasuke jouissait d’une allocation et possédait un sabre dédié. Ce qui suppose qu’il était un Samouraï. Face à la polémique, Ubisoft a publié un communiqué dans lequel il précise que le prochain jeu Assassin’s Creed Shadows n’est qu’une fiction, et pas une œuvre historique. Le studio dit aussi avoir collaboré avec des spécialistes de l’histoire. Il relève en outre qu’il a toujours remodelé l’histoire pour cette licence et que cela n’a jamais posé de problème auparavant. On se demande ainsi si ce n’est pas la peau de Yasuke qui dérange. Tout comme celle de Halle Bailey pour le personnage d’Ariel dans La Petite Sirène.