Rachelle Ledur 16 septembre 2024

Des hôpitaux, universités et plusieurs autres bâtiments publics de cette modeste ville de l’Ohio ont fait l’objet, la semaine dernière, d’alertes à la bombe visant notamment les immigrés en provenance de Haïti.

« Honnêtement, je ne me sens pas en sécurité. La situation n’est pas bonne actuellement ». Les propos empreints d’inquiétude de Jean-Patrick Louisius, 40 ans, résidant de Springfield originaire de Haïti, dans le New York Times (NYT), donne une idée de la situation actuellement dans cette localité.

Dans cette petite ville de 60 000 personnes à peine de l’État d’Ohio, règne depuis quelques jours, un climat particulièrement délétère dont les principales victimes s’avèrent être la communauté haïtienne sur place.

Ils font en effet l’objet d’une stigmatisation poussée en cette veille d’une élection présidentielle américaine où le thème de l’immigration est vivement débattu. Dans le camp républicain notamment, le candidat Donald Trump accuse les étrangers de tous les maux.

Une rumeur infondée et démentie

« À Springfield, ils mangent les chiens. Les gens qui viennent (les immigrés), ils mangent les chats, ils mangent les animaux de compagnie de ceux qui vivent là-bas. Et c’est ce qui se passe dans notre pays. C’est une honte« , a-t-il notamment déclaré, mardi 10 septembre dernier à la face du monde lors du débat présidentiel avec son adversaire Kamala Harris.

Une accusation aussitôt démentie en direct par l’un des journalistes présents, sans pour autant affaiblir la croyance de l’ancien locataire de la Maison Blanche à cet effet. Pour cause, la mise à l’index de l’autre (l’étranger) en tant que source du malaise américain participe de sa rhétorique de campagne.

Il n’hésite donc pas à user de fausses nouvelles pour cette cause. Les propos d’étrangers mangeurs d’animaux domestiques illustrent en l’occurrence, le cas typique d’une fake news en ce sens qu’aucun fait tangible ne permet de l’étayer.

« Que se passe-t-il ? »

Selon une enquête de la plateforme américaine de lutte contre la désinformation en ligne NewsGuard, tout est parti des propos d’une voisine, rapportés sur Facebook par une habitante de Springfield au sujet d’un chat qui aurait été démembré par des migrants haïtiens.

Malgré son manque d’authenticité et plusieurs démentis d’officiels, dont le maire et le gouverneur de la région, la rumeur s’est très vite propagée, aidée notamment par la viralité des réseaux sociaux.

« Les enfants se voient demander par leurs pairs de l’école : « Quel goût a le chien ? Quel goût a le chat ? », déclare Mia Perez, 35 ans, au sujet de sa fille de neuf ans, dans les colonnes d’Associated Press.

«Elle me demande : « Sommes-nous le genre de Haïtiens qui mangent ce type de choses ? Est-ce vrai ? Que se passe-t-il ? », raconte-t-elle, lasse des conséquences de cette intox sur son vécu quotidien.

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