Opiniatre 25 septembre 2024
Patrick Martin

Dans un entretien au Parisien dimanche, le président du Medef Patrick Martin s’est dit « prêt à discuter » d’une hausse d’impôts des entreprises, voulue par le nouveau Premier ministre Michel Barnier. Toutefois, le patron des patrons pose des conditions : que l’austérité soit la règle et qu’on ne « tire pas trop sur la corde ».

Au lendemain de la présentation de son gouvernement, le Premier ministre Michel Barnier a évoqué des pistes pour redresser les finances publiques. Il a suggéré des augmentations d’impôts sur les riches ou certaines grandes entreprises. Le nouveau ministre de l’Economie, Antoine Armand, a également jugé nécessaire de procéder à des prélèvements pour réduire le déficit actuel, l’un des pires de l’histoire de la France. Mais, il a exprimé son souhait de rouvrir le dialogue avec les partenaires sociaux.

Patrick Martin pose deux conditions à l’ouverture des négociations

Ce mardi, dans un entretien accordé au Parisien, le président du Medef, Patrick Martin, s’est dit « prêt à discuter » d’une hausse d’impôts des entreprises. « Nous sommes dans une attitude constructive à l’égard de ce gouvernement car nous sommes conscients que la situation des finances publiques est très grave et l’équation politique fragile », a-t-il assuré. Cependant, le patron des patrons de France fixe deux conditions à l’ouverture des discussions.

Patrick Martin veut d’abord obtenir « la démonstration que sur l’excès de dépenses publiques, l’État fait des efforts bien supérieurs à ce qu’il demande aux entreprises ». En d’autres termes, il réclame plus d’austérité de la part de l’exécutif. Le nouveau ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a déjà indiqué lors de la passation de pouvoir à Bercy, qu’il compte « réduire les dépenses publiques, tout en veillant à améliorer leur efficience ».

Le dirigeant demande de ne pas trop tirer sur la corde 

Mais Patrick Martin demande que cet effort budgétaire « n’enraye pas la dynamique d’investissement et de création d’emplois dans une conjoncture économique très fragile ». Selon l’entrepreneur, il y a déjà beaucoup de taxes et d’impôts qui touchent les grandes entreprises. Donc, « il ne faut pas trop tirer sur la corde » au risque de tout rompre, avertit-il. Le dirigeant rappelle d’ailleurs que les entreprises françaises ont déjà le niveau de prélèvements le plus élevé au monde, avec 364 milliards d’euros ponctionnés par an.

Patrick Martin avertit contre les « mauvaises économies »

Concernant les propositions fiscales visant les entreprises, Patrick Martin a joué la carte de la prudence. Il s’est montré réservé notamment sur une baisse du Crédit d’impôt recherche (CIR). Au sujet de la taxation des rachats d’actions en entreprises, le président du Medef considère qu’« on peut en parler » mais que « le mieux sera d’encourager leurs investissements profitables ». Par ailleurs, il met en garde sur les « mauvaises économies » que pourrait faire l’État, comme celles sur d’éventuels allègements de charges sur les salaires.

Rester prudent sur l’idée de baisser les aides à l’apprentissage

Patrick Martin pense que dans certains secteurs, ces réductions « auraient un effet dévastateur sur l’emploi ». Il appelle en outre à prendre avec pincette l’idée de baisser les aides à l’apprentissage. Selon lui, cela pourrait inciter les entreprises à réduire largement leurs effectifs d’apprentis. Le patron du Medef conseille d’aller chercher quelques 91 milliards d’euros sur l’optimisation de la sphère publique (en supprimant les 493 agences publiques qui ne serviraient à rien), plutôt que d’aller grignoter quelques centaines de millions d’euros sur la baisse d’aides.

Patrick Martin recyclerait de vieilles recettes

Enfin, Patrick Martin recommande de tailler dans les dépenses publiques pour revenir à un taux de 5 % de déficit l’an prochain, contre 6,2 prévu. D’après lui, l’Etat peut y arriver en s’en prenant, entre autres, aux effectifs administratifs du système de santé, à la surréglementation, à la fraude sociale et au régime social des travailleurs transfrontaliers non assujettis en France. Pour des politiques de gauche, Patrick Martin ne fait que recycler de vieilles recettes de patrons. Comme la proposition de s’attaquer à la fraude sociale (en l’occurrence celle des salariés plutôt que du patronat) et au régime social des travailleurs frontaliers.

Il aurait aussi la mémoire sélective

Selon ses détracteurs, le président du Medef nous servirait aussi l’argument classique du chantage à l’emploi pour éviter une juste contribution. Ici en l’occurrence, la rhétorique habituelle de « l’étranglement » des entreprises. Enfin, comme animé par la mauvaise foi, il se montrerait beaucoup moins disert sur les milliards d’euros consacrés par les collectivités à aider les entreprises, pour une bonne part sans condition. De même, il omettrait volontiers la faible part d’impôt des entreprises (5,9 % du PIB) dans la contribution nationale en 2021, par rapport à celle des ménages (23,8 %).

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