Fatou Faye 24 octobre 2024

Un nouveau sondage révèle une désaffection des citoyens français vis-à-vis de la démocratie.

Alors que le président Emmanuel Macron est fréquemment accusé de dérive autoritariste par son opposition, une nouvelle étude vient placer le doigt là où le bât blesse. Et pour cause, elle permet de mesurer l’attachement des Français à la démocratie. Si celle-ci reste profonde, force est de constater qu’un délitement apparaît.

L’enquête dévoilée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en marge de la présentation de son traditionnel rapport annuel sur l’État de la France, ce mercredi 23 octobre, indique que près d’un quart de la population n’est plus convaincue de la démocratie en tant que meilleur système politique.

De fait, 15% des Français affirment qu’ils ne défendraient pas la démocratie si elle était menacée. Pour ne rien arranger, 51% des personnes interrogées appellent de leurs vœux « un pouvoir fort et centralisé » pour garantir l’ordre et la sécurité.

Dans une France souvent décrite comme celle des Lumières, « patrie des droits humains », vendue par ses dirigeants comme une promotrice des valeurs universelles à travers le monde, le tableau dépeint par ce sondage réalisé par l’institut Ipsos est pour le moins embarrassant.

Les symptômes d’une République malade

Cependant, cela ne devrait pas étonner. Car derrière ces statistiques alarmantes se dessine une géographie sociale du désenchantement impliquant notamment les jeunes et les personnes défavorisées. Lesquels se sentent de plus en plus en marge de la société.

Claire Thoury, sociologue et rapporteuse de l’enquête, met ainsi en avant auprès du journal Le Parisien, des inégalités « économiques, sociales, territoriales, générationnelles, entre hommes et femmes, entre familles monoparentales et les autres ».

L’accès aux soins devient un parcours du combattant, particulièrement dans les petites agglomérations où 59% des habitants dénoncent des difficultés.

Certains départements dans les Outre-mer, les Hauts-de-France, le Grand Est et le Centre, cumulent les handicaps : espérance de vie plus faible et années de vie en mauvaise santé plus nombreuses.

Une rupture de lien entre politiques et citoyens

Conséquence : un sentiment d’exclusion touchant 24 % des citoyens. Fondamentalement, les Français ont l’impression que leurs préoccupations ne sont pas entendues par leurs dirigeants. Une fracture s’est installée entre deux mondes qui ne se comprennent plus.

« L’enjeu, c’est d’enrayer la tentation des régimes autoritaires », déclare, toujours dans les colonnes du Parisien, Thierry Beaudet, président du CESE. Il rappelle que « la part de la population mondiale vivant dans des régimes démocratiques diminue d’année en année ».

Alors que le Premier ministre Michel Barnier dit avoir « consciences des colères », Thierry Beaudet martèle que « Le citoyen ne peut être réduit à l’électeur ». Une remarque d’autant plus opportune que l’ambiance au sein de l’Assemblée nationale fraîchement renouvelée traduit une bataille de tranchées.

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