La rédaction 14 mars 2025

La justice française reproche à un agent du ministère des Finances de fournir à une personne du consulat d’Alger, des renseignements sur des Algériens en rupture de ban avec le régime d’Abdelmadjid Tebboune.

Un foyer de tension entre la France et l’Algérie ? Un fonctionnaire de Bercy a été mis en examen le 19 décembre dernier « pour intelligence avec une puissance étrangère, livraison à une puissance étrangère d’information sur intérêt fondamental à la nation, exercice d’activités pour s’informer sur les intérêts fondamentaux de la nation pour une puissance étrangère ».

Un vocabulaire digne de ceux employés par les acteurs de film d’espionnage. Sauf qu’il s’agit dans le cas présent, d’un fait bien réel. Selon les informations révélées mercredi 12 mars par l’AFP, l’intéressé est soupçonné d’avoir entretenu des contacts réguliers avec un employé du consulat algérien de Créteil.

Le suspect désormais placé sous contrôle judiciaire, aurait ainsi transmis des données personnelles et des informations confidentielles concernant des ressortissants algériens résidant en France, parmi lesquels figureraient plusieurs « opposants notoires » au régime d’Alger.

Un réseau bien entretenu

Pour obtenir ces informations sensibles, le fonctionnaire de Bercy aurait d’après des confidences recueillies par Le Monde, noué une « relation intime » avec une assistante sociale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

Cette dernière, qui avait entre autres accès à des données confidentielles sur les demandeurs d’asile, a été pour sa part mise en examen le 7 février pour violation du secret professionnel, à en croire le parquet.

Parmi les cibles de cette opération de renseignement figureraient, toujours selon Le Monde, deux Algériens sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour terrorisme, un journaliste réfugié en France et un ressortissant algérien ayant porté plainte contre un général.

La même source indique que certaines de ces personnes auraient été victimes de « violences, menaces de mort ou tentative d’enlèvement », sans que le lien direct avec les fuites d’informations n’ait été formellement établi à ce stade.

D’après Maître Sipan Ohanians, avocat du fonctionnaire mis en cause, son client serait « victime d’une campagne de menaces et de manipulation d’une puissance étrangère ayant resserré l’étau autour de lui ».

Une affaire qui sent le soufre

Ferait-il allusion à des actions sous la contrainte ? Toujours est-il que cette affaire gardée secrète jusqu’ici sent le soufre.

En témoignent les chefs d’accusation de l’information judiciaire ouverte le 20 novembre 2024, dont « l’intelligence avec une puissance étrangère, la livraison d’informations sur les intérêts fondamentaux de la nation, la soustraction et la divulgation de secret-défense nationale, la provocation à un crime de trahison ou d’espionnage, et la violation du secret professionnel ».

Elle intervient par ailleurs dans un contexte tendu entre Paris et Alger marqué par des accusations mutuelles. À cet effet, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal arrêté à Alger en novembre 2024, reste détenu sur place malgré les protestations de la France.

Il lui est notamment reproché d’avoir porté atteinte à la sûreté de l’État d’Algérie. Son avocat a annoncé mercredi, son intention d’interpeller le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies à ce sujet.

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