
Les Européens n’entendent pas se laisser amadouer par la main tendue de Pékin alors que Washington s’isole chaque jour un peu plus du reste du monde.
La célèbre maxime qui veut que « l’ennemi de mon ennemi soit mon ami » n’est certainement pas toujours vraie. Appliquée aux relations entre le trio Union européenne (UE)-Chine-États-Unis, elle révèle des lignes de fracture difficiles à recoller.
Le 11 avril dernier, le président chinois Xi Jinping appelait les Européens à « résister ensemble » à la « coercition », en référence aux 145% de droits de douane imposés à son pays par les États-Unis à l’initiative de Donald Trump.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche étant manifestement prêt à tout pour faire plier le rival chinois, mais sa stratégie ne s’arrête pas là. Le chef de l’État américain, engagé dans une offensive tarifaire tous azimuts contre le reste de la planète, n’entend pas non plus épargner l’UE, cette alliée qui, selon ses propres mots, se serait « formée dans le seul but de profiter des USA ».
Reçu le même jour par le président chinois, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a répondu à son hôte en évoquant « l’opportunité d’approfondir les relations avec la Chine » sous condition que celle-ci « se montre sensible aux demandes européennes d’une relation plus équilibrée ».
Un geste d’ouverture peu convaincant
Pourtant, cet échange de bons procédés trouve peu d’écho dans les chancelleries européennes. D’après Le Monde, la majorité des pays de l’Union reste prudente, refusant de former un front commun avec la Chine.
« Il faut bien garder en tête que l’ensemble des différends que nous avons avec la Chine ne change pas du tout avec l’arrivée de Trump. Il n’est pas possible de se décaler vers la Chine pour compenser les difficultés avec les États-Unis, car les problèmes entre les États-Unis et l’Europe n’ont pas de solution à Pékin », tranche ainsi une source européenne interrogée par le journal français.
« Les suggestions de pays comme l’Espagne de s’ouvrir à la Chine sont erronées », déclare à son tour, Noah Barkin, expert des relations Europe-Chine au sein du centre de réflexion Rhodium Group, toujours dans les colonnes du quotidien du soir.
Des désaccords stratégiques persistants
Pour cause, les sujets d’intérêts de Bruxelles semblent se corser depuis l’avènement de la présidence Trump. Sur le front ukrainien, l’Europe se retrouve isolée dans ses efforts pour dissuader la Chine de soutenir davantage la Russie, alors que Washington semble adopter des positions plus conciliantes envers Moscou.
Au plan commercial, les droits de douane colossaux imposés par les États-Unis sur les produits chinois font craindre un détournement massif des exportations chinoises vers le marché européen.
L’Europe se retrouve de fait dans une position délicate, tiraillée entre ses différends historiques avec la Chine et les nouvelles tensions avec son (ex-)allié américain.