La rédaction 15 mai 2025

La présidente de la Commission européenne s’est vue reprocher par la Cour de justice de l’Union le fait d’avoir refusé l’accès de la presse aux messages textuels échangés avec le patron de Pfizer, Albert Bourla, dans le cadre des négociations sur l’acquisition des vaccins contre le Covid.

C’est une décision dont Ursula von der Leyen aurait bien aimé se passer, d’autant plus dans ce contexte géopolitique actuellement troublé où l’Union européenne lutte pour préserver ses intérêts face aux velléités isolationnistes des États-Unis de Donald Trump.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a indiqué, mercredi 14 mai 2025, que la présidente de la Commission de l’Union « doit fournir des explications crédibles permettant au public et au tribunal de comprendre pourquoi » les documents relatifs au Pfizergate ne peuvent être trouvés.

L’affaire concerne les négociations secrètes menées par Ursula von der Leyen avec le PDG de la firme pharmaceutique Pfizer, Albert Bourla, en 2021, pour l’achat de vaccins anti-Covid au profit de l’Union européenne (UE). Un contrat à 1,8 milliard de doses dont les contours financiers restent inconnus du public.

Un manque d’explication crédible

Au grand dam du New York Times (NYT) dont la journaliste Matina Stevi, à l’origine des révélations sur l’existence de ces échanges secrets, a demandé en vain l’accès aux SMS. La requête d’Alexander Fanta, journaliste dans un média allemand, a également fait chou blanc.

Selon la Commission, les SMS seraient « éphémères » par nature et ne contiendraient pas d’informations importantes justifiant leur conservation et leur divulgation, comme cela est recommandé pour les commissaires et fonctionnaires européens afin d’assurer « la transparence, la responsabilité, la continuité et la gestion efficace des affaires publiques ».

Cet argument est désormais balayé par la CJUE qui pointe l’absence d' »explication crédible » justifiant la disparition des messages. Les juges s’interrogent ouvertement : ces messages ont-ils été effacés volontairement ? Automatiquement ? Le téléphone de la présidente a-t-il été remplacé entre-temps ?

Une responsable adepte du secret

« La décision d’aujourd’hui est une victoire pour la transparence et la responsabilité dans l’Union européenne« , a réagi Nicole Taylor, porte-parole du NYT, dans un communiqué. D’après le quotidien américain, il s’agit d’un message selon lequel les communications « éphémères » comme les SMS n’échappent pas à l’examen public.

Les questions des juges du tribunal luxembourgeois résonnent d’autant plus fortement que ce n’est pas la première fois que des données du téléphone d’Ursula von der Leyen, responsable réputée adepte du secret, disparaissent mystérieusement.

Ce fut notamment le cas en 2019, alors qu’elle était convoquée par une commission d’enquête parlementaire allemande concernant des irrégularités présumées dans l’attribution de contrats pendant son mandat de ministre de la Défense allemande. Au-delà de cette décision de justice, une question demeure : où sont donc passés ces fameux SMS et que contiennent-ils ?

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