
Plusieurs États du continent, souvent critiqués sur la scène internationale pour leur gouvernance ou leur situation politique, investissent désormais dans les clubs de football français pour tenter d’améliorer leur image à l’échelle mondiale.
Le samedi 10 mai dernier, l’AS Monaco battait Lyon, l’un de ses poursuivants pour les trois places directement qualificatives en Ligue des champions la saison prochaine (2-0), s’assurant ainsi sa participation à la plus prestigieuse des compétitions européennes de clubs pour l’exercice à venir.
Mais au-delà des joueurs et des responsables monégasques, d’autres acteurs, loin du stade Louis-II, ont également dû se réjouir de cet accomplissement. En l’occurrence, les dirigeants de la République démocratique du Congo (RDC) qui voient dans ce succès sportif une opportunité pour leur stratégie d’influence.
Cette qualification européenne garantit en effet une exposition internationale accrue pour ce pays d’Afrique centrale confronté à des conflits politiques internes récurrents.
Plus tôt ce même jour, le ministre congolais des Sports et des Loisirs, Didier Budimbu, avait signé avec Thiago Scuro, directeur général de l’AS Monaco, un protocole d’accord portant sur la promotion du football congolais et du tourisme à travers « Les Rouge et Blanc » – surnom du club – selon les informations rapportées par Jeune Afrique (JA).
Une tendance en expansion
Contre une enveloppe de 4,8 millions d’euros, le pays de Félix Tshisekedi devrait ainsi voir, au cours des trois prochaines années, la mention de son nom sur le maillot du club détenu par le Russe Dmitri Rybolovlev ainsi que sur ses différents supports publicitaires.
Un contrat destiné à apporter « une grande visibilité touristique et des contacts économiques » à la RDC, selon une source consultée par JA côté congolais. La même ambition sous-tend le contrat en cours depuis 2023 entre la Côte d’Ivoire et l’Olympique de Marseille (OM), lequel devrait être d’ailleurs prochainement renouvelé, à en croire le journal Le Monde.
Ces types de partenariats reflètent en effet une tendance impliquant désormais de nombreux États africains, dont le Rwanda, un des précurseurs. Depuis 2019, le Paris Saint-Germain (PSG) arbore sur son maillot l’inscription « Visit Rwanda », contre un versement annuel de 15 millions d’euros au club champion de France.
Entre controverses
À travers ces contrats, les pays concernés espèrent se donner une visibilité à l’échelle internationale. La France, dont les liens avec l’Afrique demeurent forts malgré les controverses, apparaît dans ce contexte comme un partenaire idéal pour cette nouvelle forme de diplomatie où football et géopolitique s’entremêlent étroitement.
Même si la visibilité de la Ligue 1 – le championnat de France de football – est désormais remise en question en raison des difficultés liées aux droits de diffusion télévisuelle. Il n’en reste pas moins que ces alliances, parfois vivement critiquées au sein des pays concernés, ne connaissent pas toutes le même succès.
L’exemple du Tchad, associé au FC Metz entre 2016 et 2017, illustre parfaitement ces écueils : ce partenariat s’est achevé prématurément, seulement quelques mois après son lancement, en raison de problèmes financiers et d’impayés.