
La patronne de la Commission européenne devrait prochainement faire l’objet d’un vote de défiance qui pourrait ternir son image, quelle qu’en soit l’issue.
À peine reconduite et déjà contestée. Ursula von der Leyen, qui a entamé en juillet dernier son second mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne, fait l’objet d’une motion de censure. Initiée par l’extrême droite européenne, cette motion devrait être déposée ce jeudi 26 juin d’après son auteur Gheorghe Piperea.
Membre de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), le député roumain a assuré au Financial Times (FT) avoir obtenu les 72 signatures nécessaires pour entamer la démarche, conformément à l’article 234 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).
Celui-ci conditionne la recevabilité d’une motion de censure au soutien d’un dixième des députés européens, soit 72 des 720 membres que compte actuellement le Parlement. « L’initiative vise fondamentalement à maintenir la transparence et à assurer un processus démocratique équitable et authentique« , explique Piperea.
Au cœur de cette initiative figure le scandale dit « Pfizergate », en référence à la firme pharmaceutique américaine Pfizer dont le PDG Albert Bourla a directement négocié par SMS avec von der Leyen la fourniture de vaccins à l’UE durant la pandémie de Covid-19. Des échanges marqués par l’opacité, car personne d’autre que les deux protagonistes ne connaît à ce jour leur contenu.
Une bataille politique aux enjeux multiples
L’affaire remonte à une demande du New York Times, qui souhaitait accéder à ces échanges dans le cadre du principe de transparence. La Commission européenne avait alors refusé de divulguer ces messages, prétextant qu’elle ne parvenait pas à les retrouver.
Une justification que la Cour de justice de l’UE a jugée après un avis similaire de la part de la médiatrice de l’UE en juillet 2022, « juridiquement non fondée et dépourvue de justification crédible » en mai dernier, estimant que la Commission avait « violé le principe de bonne administration ».
Bien que les chances de succès de cette motion demeurent faibles – il faudrait plus des deux tiers des députés présents pour faire tomber von der Leyen et sa Commission, soit un seuil particulièrement élevé – cette initiative révèle les tensions croissantes au sein du Parlement européen.
Des fronts multiples contre la Commission
Ursula von der Leyen, réélue avec 401 voix (284 contre, 15 abstentions) – un score nettement meilleur qu’en 2019 où elle n’avait obtenu que neuf voix d’avance contre 41 cette fois-ci – semble depuis avoir aliéné une partie de ses soutiens initiaux.
À tel point que Gheorghe Piperea revendique le soutien de certains membres du Parti populaire européen (PPE), la formation politique de la présidente de la Commission. Selon le Financial Times, ses détracteurs accusent von der Leyen de contourner régulièrement le Parlement européen et d’être trop complaisante envers les gouvernements nationaux.
Les motions de défiance restent rares dans l’histoire européenne – seulement quatre depuis 1999 – mais elles peuvent avoir des conséquences dramatiques. Le FT rappelle qu’en 1999, l’équipe de Jacques Santer avait démissionné suite à des allégations de fraude, même après avoir remporté un vote de confiance.