
Les agents sont régulièrement soumis au détecteur de mensonges pour tester leur loyauté envers le directeur Kash Patel. Il s’agit du dernier exemple en date de la stratégie de mise au pas de l’administration fédérale menée par le président Donald Trump et ses affidés.
Depuis que Kash Patel a pris les rênes du FBI, les tests polygraphiques ne se contentent plus de détecter d’éventuels traîtres ou espions : ils servent désormais à identifier les employés qui auraient osé critiquer le directeur.
L’information révélée par le New York Times (NYT) évoque une pratique qui touche des dizaines de hauts fonctionnaires de l’agence de police fédérale. Ces derniers ont été contraints de passer ce test, et parmi les questions qui leur sont fréquemment posées, selon le quotidien américain, figure : « Avez-vous dit quelque chose de négatif sur Kash Patel ?« .
Cela en dit long sur l’obsession, voire la paranoïa, de cette figure emblématique de la mouvance MAGA (Make America Great Again) – le slogan de Trump – connue pour avoir propagé des théories du complot sur une prétendue élection présidentielle volée par Joe Biden en 2020 et sur le Covid.
D’après le NYT, cet ancien fonctionnaire du renseignement cultive un véritable narcissisme concernant son image publique depuis sa nomination à la tête du FBI en février dernier.
Un instrument de sécurité nationale travestie
Cette utilisation massive des polygraphes témoigne davantage d’une volonté d’intimidation que d’une réelle préoccupation sécuritaire. Ces tests sont en effet peu fiables – avec un taux d’erreur pouvant atteindre 25% selon Psychology Today – et inadmissibles devant les tribunaux civils.
« La loyauté d’un employé du FBI va à la Constitution, pas au directeur ou au directeur adjoint. Cela en dit long sur la faiblesse de caractère de Patel que cela soit même sur son radar« , souligne James Davidson, ancien agent du FBI avec 23 ans de service, interrogé par le New York Times.
L’affaire du pistolet de service demandé par Patel, bien qu’il ne soit pas agent de terrain, illustre également ce bouleversement. Quand l’information a été divulguée dans les médias, des agents ont été contraints de passer des polygraphes pour identifier l’auteur de la fuite.
Une purge orchestrée au nom de la « loyauté »
Tout cela s’inscrit dans une campagne plus large de « purge » menée par l’administration Trump au sein de l’agence. Environ 40% des bureaux de terrain ont vu leurs dirigeants partir, soit par départ à la retraite forcé, soit par mutation, soit par licenciement, d’après une estimation du NYT.
Michael Feinberg, un agent expérimenté, a été menacé de polygraphe juste parce qu’il était ami avec quelqu’un que le président n’aimait pas. Plutôt que de subir cette humiliation, il a préféré démissionner.
« Pour garder mon emploi, j’étais censé ramper, demander pardon et promettre loyauté dans le cadre de la révolution culturelle du FBI orchestrée par Patel et Bongino (directeur adjoint)« , a-t-il écrit dans un article publié sur le blog Lawfare, alors que d’aucuns redoutent une politisation de l’agence.