La rédaction 18 juillet 2025

Le marché du travail russe souffre d’une pénurie critique de main-d’œuvre, conséquence du déclin démographique et de la mobilisation pour l’économie de guerre.

Qui va donc faire tourner l’économie russe dans 10, 15 ou 20 ans ? Face aux velléités guerrières de Vladimir Poutine, cette question devient existentielle. Mais les autorités, le président en tête, semblent dans l’incapacité d’y répondre, du moins pour l’instant.

Le besoin de main-d’œuvre se fait pourtant pressant. « D’ici à 2030, nous allons devoir intégrer 10,9 millions de personnes dans l’économie », a déclaré le ministre du Travail Anton Kotiakov, le 14 juillet dernier, lors d’une réunion présidentielle.

Ce besoin, équivalent à deux millions d’employés par an, est d’autant plus critique que 800 000 nouveaux emplois seront créés, tandis que 10,1 millions de personnes auront atteint l’âge de la retraite d’ici cette échéance.

Ce constat jette une lumière crue sur les failles profondes d’un système économique sous tension, alors que le spectre de la récession hante désormais les plus hauts cercles du pouvoir, au grand dam de Poutine qui refuse d’en entendre parler.

Une démographie en chute libre malgré les incitations

Cette situation résulte d’un ensemble de facteurs que l’invasion de l’Ukraine est venue aggraver. Environ 700 000 hommes, principalement des contractuels, sont actuellement mobilisés sur le front, privant l’économie civile d’une main-d’œuvre essentielle.

Les entreprises civiles peinent à recruter dans tous les secteurs, tandis que l’État surpaye ses recrues militaires, créant une concurrence déloyale avec le secteur privé. Cette distorsion du marché du travail illustre les contradictions d’une économie de guerre qui se dévore elle-même.

Le déclin démographique aggrave encore la situation : 1,82 million de décès contre seulement 1,22 million de naissances en 2024 selon Rosstat, l’agence statistique russe. Ces données excluent les pertes militaires en Ukraine, soigneusement dissimulées par les autorités.

Pour ne rien arranger, les hommes russes vivent en moyenne 12 ans de moins que les femmes (68 ans contre 80 ans), d’après les chiffres de 2023, cités par Le Monde. Last but not least : plusieurs personnes ont fuit la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.

Des solutions insuffisantes face à l’urgence

Parmi les solutions envisagées par le gouvernement figure la promotion de la natalité à travers l’interdiction de la « promotion d’un mode de vie sans enfants ». Les jeunes filles y compris les mineures sont encouragées à avoir un bébé contre des rétributions allant jusqu’à 1000 euros.

Les travailleurs étrangers sont accueillis de Chine, d’Inde, de Turquie ou encore de Serbie. Ces mesures restent cependant dérisoires face à l’ampleur du défi. Rosstat projette ainsi une chute à 138,8 millions d’habitants de la population d’ici 2046, contre 144 millions actuellement.

Une analyse du Centre d’études de l’opinion publique VTsIOM évoque la nécessité de repousser l’âge de la retraite à 80 ans. Mais encore faudrait-il que l’espérance de vie le permette.

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