La rédaction 9 août 2025

Le célèbre magistrat de la Cour suprême fédérale fait l’objet de vives critiques après sa décision de placer l’ancien président Jair Bolsonaro, accusé de tentative de coup d’État, en résidence surveillée.

Au Brésil, Alexandre de Moraes n’a jamais aussi bien symbolisé le « lawfare » aux yeux de ses détracteurs qu’aujourd’hui. Le magistrat de la Cour suprême fédérale (STF) est dans l’œil du cyclone depuis qu’il a prononcé, le 4 août, l’assignation à résidence de Jair Bolsonaro.

L’ancien président, accusé d’avoir voulu renverser son successeur Luiz Inácio Lula da Silva après sa défaite de 2022 et en attente de son procès, a été sanctionné pour avoir outrepassé l’interdiction qui lui était faite de s’exprimer sur les réseaux sociaux.

Toute récidive entraînera « immédiatement un ordre de détention provisoire », a averti le juge, qui a par ailleurs ordonné la saisie de téléphones portables au domicile de l’ex-chef d’État.

« Le non-respect flagrant des mesures a été si évident que le fils de l’accusé a supprimé la publication de son profil Instagram pour dissimuler la transgression », affirme ce magistrat de 56 ans, reconnaissable à son crâne rasé et qui n’est visiblement pas du genre à y aller par quatre chemins.

Un personnage à la fois puissant et clivant

Si la décision a encore davantage hérissé les soutiens de Jair Bolsonaro, les critiques ont dépassé son cercle habituel. Beaucoup reprochent à de Moraes sa démarche unilatérale. Au sein même du STF, l’onde de choc se propage. Des sources internes citées par Le Monde évoquent un climat « préoccupant et très tendu« , marqué par une « grande incertitude ».

La Folha de São Paulo, quotidien pourtant farouchement opposé à l’extrême droite, n’a pas hésité à dénoncer l' »ordonnance kafkaïenne » du juge, lançant un avertissement lourd de sens : « Les démocrates ne doivent pas devenir des tyrans pour combattre la tyrannie ».

Rien ne semble cependant pouvoir émousser l’ardeur d’Alexandre de Moraes, qui aurait déclaré en privé, selon Le Monde, n’avoir aucune intention de revenir sur cette assignation à résidence. La détermination est sans doute l’un des traits de caractère les plus marqués de cet ancien procureur anti-corruption devenu « gardien » controversé de la démocratie brésilienne.

Une institution suprême dans le creux de la vague

Il mène depuis 2022 un combat implacable contre la désinformation, créant un cabinet de sécurité cybernétique, bloquant des comptes sur les réseaux sociaux et ordonnant le retrait de contenus jugés mensongers.

L’ancien secrétaire à la Justice de l’État de São Paulo s’est ainsi confronté l’année passée au milliardaire américain Elon Musk, reprochant au réseau social X de violer les lois brésiliennes en hébergeant des contenus problématiques sur sa plateforme

Honni par les uns qui y voient un « dictateur en toge », vénéré par les autres, de Moraes reste indéniablement l’une des figures les plus influentes du Brésil.

Mais sa récente décision contre Bolsonaro risque de ternir davantage la réputation du STF, dont seuls 29 % des Brésiliens approuvent l’action selon l’institut Datafolha.

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