frank ilud 14 novembre 2025

L’écrivain, pris dans l’étau diplomatique entre Paris et Alger, a recouvré la liberté plus d’un an après son arrestation en Algérie, à la faveur d’une médiation menée par Berlin.

Dans le dossier de la libération de Boualem Sansal, Paris s’est longtemps heurté à l’impasse malgré ses multiples démarches, alors que la voie de sortie se trouvait juste de l’autre côté du Rhin, en Allemagne. Plus d’un an après son incarcération en Algérie, l’écrivain a finalement retrouvé la liberté le mercredi 12 novembre.

Ce dénouement, rendu possible par une grâce présidentielle, résulte d’une médiation portée par Berlin. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier serait intervenu personnellement auprès des autorités algériennes, selon des révélations du journal Le Monde.

Le chef de l’État allemand aurait ainsi capitalisé sur la relation de confiance établie avec Abdelmadjid Tebboune ces dernières années, notamment depuis l’hospitalisation de ce dernier à Berlin en 2020.

« M. Tebboune a nourri une reconnaissance pour l’accueil qu’il a reçu en Allemagne », affirme une source française au quotidien vespéral. Par cette médiation efficace – pourtant non explicitement sollicitée par Paris ou Alger –, Boualem Sansal se défait d’un véritable piège diplomatique.

Un otage des tensions bilatérales

L’auteur franco-algérien arrêté pour avoir affirmé qu’une partie du territoire algérien actuel appartenait historiquement au Maroc, s’est en effet retrouvé, au fil des mois, instrumentalisé par la montée des tensions entre la France et l’Algérie.

Malgré les efforts répétés de la France – impliquant notamment le Vatican et l’Italie –, chaque tentative s’est heurtée à des résistances, contribuant à enliser le dossier. Dans l’intervalle, la joute verbale n’a cessé de s’intensifier entre responsables des deux nations.​

L’intervention allemande présente l’avantage de permettre aux deux parties de préserver leurs positions respectives. Pour l’Algérie, la libération de Sansal n’apparaît pas comme une capitulation face aux pressions françaises.

La présidence algérienne a d’ailleurs pris soin de préciser que l’écrivain bénéficiait d’une « grâce » accordée après « l’intervention de la présidence allemande ». Le fait que Sansal se rende à Berlin plutôt qu’à Paris dès sa libération permet à Alger de maintenir sa fermeté face à son ancien colonisateur.

Une issue diplomatique qui sied à tous

« Les circonstances de la grâce et de la libération de Sansal ont permis à chacun de sauver la face et de sortir par le haut », estime un acteur impliqué dans la relation bilatérale, cité par Le Monde.

L’issue de ce dossier devrait apparaître également comme un soulagement pour l’Algérie. Car la crise avec la France a aussi créé des dégâts collatéraux dans ses relations avec l’Union européenne, et notamment dans la renégociation de l’accord d’association souhaitée par les Algériens, selon Le Monde.

« Il y avait un courant au sein du régime qui s’inquiétait de voir la relation avec l’Europe prise en otage par la crise avec la France », glisse une source française au quotidien.

Leave a comment.

Your email address will not be published. Required fields are marked*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.