Cette semaine, plusieurs milliers de salariés se sont mobilisés à travers le monde pour dénoncer leurs conditions de travail. En Allemagne, 7 des 11 sites d’Amazon sont entrés en grève. Aux Etats-Unis, les salariés d’un entrepôt dans le Minnesota ont débrayé, bloquant brièvement quelques camions. Et dans le nord de la France, les syndicats dénoncent des cadences infernales.
Depuis le début de semaine, les salariés d’Amazon mènent des actions de protestation en Europe et aux Etats-Unis. Ils affirment qu’ils sont des humains, pas des robots. En Allemagne la plus part des sites du géant du E-commerce sont en grève. Aux Etats-Unis, dans le Minnesota, les travailleurs ont également débrayé. La France, où la firme compte 7.500 salariés, n’est pas en reste. Dans le nord, les syndicats ont dénoncé des cadences de travail infernales.
Les employés, comme « des robots devant générer des lignes de code »
Plusieurs témoignages insistent sur l’usure dans les entrepôts de l’entreprise américaine. Un employé, dont la mission est de parcourir les immenses allées pour chercher les colis, a confié à 20 Minutes que le rythme est parfois effréné en France, où Amazon peut enregistrer jusqu’à 1,6 million de commandes par jour dans les semaines précédant Noël. Il assure avoir « vu des collègues devenir inaptes au travail en moins d’un an à force d’enchaîner les kilomètres à pied cinq jours, voire six jours sur sept ». Il compare les salariés à des « robots devant générer des lignes de code, sauf qu’à la moindre erreur, c’est le recyclage ». Il dit avoir eu des envies de partir au bout d’un an de CDI.
Dans un communiqué, le syndicat britannique GMB a même relayé des « informations horrifiantes sur des employés obligés d’uriner dans des bouteilles en plastique faute de pouvoir aller aux toilettes ou sur des femmes enceintes forcées de rester debout et certaines visées par des licenciements ».
D’autres salariés défendent le groupe
Au contraire (et c’est ce qui est bizarre chez Amazon), plusieurs autres travailleurs pensent que le leader du commerce électronique a mis en place des conditions de travail optimales. Toujours au micro de 20 Minutes, une employée insinue que les grévistes exagèrent. « C’est un boulot physique, mais quand on veut, on peut, estime-t-elle. Des jobs plus compliqués, avec des conditions plus extrêmes, existent partout. Il suffit de faire sa production et tout se passe très bien. Les temps de pause sont respectés et l’accès aux toilettes est autorisé à n’importe quel moment. L’ambiance générale est assez bonne également. Pendant la Coupe du monde 2018, nous avions un écran géant avec le match en salle de pause et la diffusion par radio dans l’entrepôt ». Une autre raconte que « Les managers sont plus ou moins sévères suivant les entrepôts et les équipes, mais plusieurs fois par an (une fois par mois environ), nous avions la visite du directeur France et nous pouvions en parler, aux RH également. » et que les gens s’acharnent pour rien sur le groupe américain.
Amazon brandit des enquêtes qui lavent son image
Peut-on croire que les protestataires font preuve de mauvaise foi ? En tout cas en 2018, plusieurs médias américains ont rapporté que des salariés volontaires défendaient leur entreprise sur Twitter, et se voyaient récompensés en cadeaux ou en bon d’achat…
Pour sa part, Amazon rappelle que l’entreprise « fait partie du top 10 des meilleurs employeurs en France » et que « 84 % des collaborateurs [dans l’Hexagone] se disent satisfaits de leur travail ». Rien à voir, donc, avec ce que décrivent les syndicats.