Le président chilien a annoncé ce samedi un vaste remaniement du gouvernement après une manifestation historique vendredi à Santiago, ayant réuni plus de 1,2 million de personnes. Sebastian Piñera a également déclaré que la levée de l’état d’urgence sera rendue possible dimanche «si les circonstances le permettent».
«J’ai demandé à tous les ministres de remettre leur démission »
Après une semaine de grève dans plusieurs régions du Chili et une manifestation historique vendredi à Santiago, le président Sebastián Piñera a annoncé samedi 26 octobre un nouveau gouvernement, le 3e de son mandat débuté en mars 2018. «J’ai demandé à tous les ministres de remettre leur démission pour pouvoir former un nouveau gouvernement et pouvoir répondre à ces nouvelles demandes», a déclaré le chef de l’Etat dans un message à la nation. «Nous sommes dans une nouvelle réalité. Le Chili est différent de celui que nous avions il y a une semaine», a-t-il reconnu.
Le président de droite a également déclaré que l’état d’urgence sera levé «si les circonstances le permettent» dimanche. Plus tôt, l’armée a décidé de suspendre le couvre-feu en vigueur à Santiago depuis le 19 octobre après de violentes émeutes.
Une première depuis Pinochet
Ce changement de ton et de stratégie du gouvernement chilien intervient après que la population s’est fortement mobilisée vendredi 25 octobre. Les organisateurs ont compté 1,2 million de personnes sur la plaza Italia et l’Alameda, l’avenue qui mène au palais présidentiel. « C’est la première fois que l’on voit ça depuis la manifestation pour le non au référendum de Pinochet, en 1988 », souligne Julio Pinto, historien à l’université de Santiago du Chili. A l’époque, plus de 1 million de personnes étaient descendues dans les rues de Santiago pour exiger la fin de la dictature militaire (1973-1990). « Cela montre bien l’ampleur du mécontentement, qui ne faiblit pas », note M. Pinto.
Le Chili en proie à des inégalités
Les Chiliens manifestent depuis le 18 octobre, date de l’annonce de la taxe sur les tickets de métro à Santiago. Si cette décision gouvernementale est l’élément déclencheur du mouvement social, les causes sont plus profondes. Vu de l’étranger, le Chili est un pays prospère, avec une croissance économique ininterrompue depuis trente ans et un taux de pauvreté de 8 %, contre 35 % en Argentine par exemple. Mais de l’intérieur, le malaise est grand. Dans ce pays, 1 % de la population, une poignée de milliardaires, concentre près du tiers des richesses, alors que la moitié des travailleurs gagne 400 000 pesos (500 euros) ou moins par mois.