L’Assemblée nationale a rejeté jeudi, une proposition de loi communiste visant à rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). « Les anciennes recettes ne fonctionnent plus » a notamment argumenté la secrétaire d’État Pannier-Runacher.
Jeudi 18 juin, l’Assemblée nationale a rejeté une proposition de loi communiste en faveur du rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), une revendication partagée par tous les groupes de gauche. Ces partis, ainsi que des mouvements syndicaux et des personnalités de premier plan comme le prix Nobel d’Économie Esther Duflo, réclament le rétablissement de l’ISF, supprimé par Emmanuel Macron et remplacé par un impôt sur la fortune immobilière (IFI) au début du quinquennat. Le rétablissement de cet impôt avait été évoqué par les Gilets jaunes. Plus récemment, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger assurait que cette « option » devait être envisagée en pleine crise du coronavirus.
« Un indispensable effort de solidarité »
Pour le député PCF Jean-Paul Dufrègne, rapporteur du texte examiné lors de la « niche » parlementaire de son groupe, l’ISF est « Une juste contribution » qui « doit être demandée aux personnes les plus fortunées : ce n’est pas une logique revancharde ou punitive, mais un indispensable effort de solidarité ». A la tribune, le communiste Hubert Wulfranc a argumenté en enlevant sa chaussure pour taper en rythme sur le pupitre. Il évoquait ainsi le « bruit de fond » et le « clignotant du réel » des « nombreuses voix qui disent que l’ISF n’a rien de radical et qu’on peut envisager son rétablissement ». Il conclut son intervention par cette drôle de comparaison : « Suivez ce bruit de fond (…) sinon votre politique sera toujours aussi usée que la semelle de mes godasses ».
Gouvernement et droite s’y opposent
De l’autre côté, on voit en l’ISF une vieille recette inefficace. « Les anciennes recettes ne fonctionnent plus », a argué la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, ajoutant que « Ces outils n’ont pas été efficaces et seraient contreproductifs ». La députée LREM Nadia Hai a dénoncé le « mensonge » de « faire croire qu’en confisquant à certains, on réduira les inégalités pour d’autres ». Quant au député MoDem Mohamed Laqhila, il a critiqué un « impôt antibusiness et antientrepreneur », avec un « gain net très faible ». Un avis largement partagé par la majorité LREM, qui rappelle que ses recettes passées – jusqu’à 5 milliards d’euros par an – sont « sans commune mesure » avec les centaines de milliards d’euros déjà engagés face à la crise.
A droite, Alain Ramadier (LR) a reproché aux communistes de vouloir « opposer les Français les uns aux autres », avec un « totem », « une mesure punitive qui risquerait de faire fuir davantage les investissements ». Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui ne veut pas de hausse d’impôt se dresse, lui, contre une « Pure démagogie ». Sans surprise, le Medef juge que rétablir l’ISF serait « un très mauvais signal ».