Fatou Faye 9 mars 2023

Le ministre de la Justice s’est illustré mardi à travers un bras d’honneur adressé en plein Hémicycle à un député, provoquant le tollé au sein de la classe politique.

Mais que lui est-il passé par la tête ? Appelé mardi 7 mars, à défendre le projet de loi promouvant l’inéligibilité contre des auteurs de violences, initié par le gouvernement dans la foulée de l’affaire Quatennens, le garde de Sceaux Éric Dupond-Moretti s’est illustré de façon peu recommandable à la fois pour sa fonction et pour l’institution qui l’accueillait.

L’ancienne star des prétoires a en effet répondu par un bras d’honneur à l’évocation par le patron du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale Olivier Marleix de sa mise en examen du ministre de la Justice pour prise illégale d’intérêts. Une première dans l’histoire de la cinquième République.

« Pas un bras d’honneur, mais deux »

Ce comportement est d’autant plus intrigant que l’intéressé a précisé avoir en réalité fait deux bras d’honneur. « Il n’y a pas un bras d’honneur. Il y en a deux, mais accompagné de paroles à chaque fois », a-t-il avoué, ajoutant que son geste visait moins la personne d’Olivier Marleix que « le mépris qu’il y avait pour ma présomption d’innocence ».

« Je n’ai porté aucune accusation. J’ai rappelé des faits », lui a rétorqué le député après que la vice-présidente du parlement Élodie Jacquier-Laforge a exprimé sa stupéfaction face à l’attitude du Dupond-Moretti.

« Vous n’avez pas à faire des bras d’honneur dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, monsieur le ministre », a-t-elle lancé au milieu d’une réprobation générale de ses collègues.

Menace de démission

Ce n’est pas la première fois qu’un bras d’honneur est lancé au sein du palais Bourbon. Mais c’est assurément une première de la part d’un ministre de la République. De quoi mettre le gouvernement dans l’embarras.

Des ministres – Olivier Véran et Gabriel Attal notamment – ont bien essayé de le défendre, mais non sans admettre qu’un tel geste n’a pas sa place au sein de l’Hémicycle. La Première ministre Élisabeth Borne l’a par ailleurs sermonné, selon l’AFP.

Difficile de dire si Éric Dupond-Moretti regrette-t-il son acte, même s’il a fini par s’excuser au bout de plusieurs minutes de suspension d’audience. Mediapart révèle en effet ce mercredi que le garde des Sceaux contraint par son camp de faire acte de contrition, a d’abord menacé de démissionner.

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