Beaucoup de bruits pour si peu. Voilà ce que pensent les écologistes et ONG environnementales des annonces d’Emmanuel Macron sur la planification écologique. Greenpeace, WWF et Réseau Action climat disent être restés sur leur faim, quand les militants n’y vont pas de main morte.
Emmanuel Macron a détaillé lundi, à l’issue d’un deuxième conseil dédié, les principales mesures de sa planification écologique. Ce plan, qu’il veut ambitieux, vise à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre françaises d’ici 2030. Pour cela, le président de la République annonce notamment l’abandon du charbon, le développement de la mobilité douce avec les véhicules électriques, la rénovation énergétique des logements, la décarbonisation de l’industrie via l’utilisation d’hydrogène bas carbone, la production d’un million de pompes à chaleur et la restauration de 1,4 million d’hectares de forêts.
Macron « ne comprend rien à l’écologie »
Ces annonces sur la planification écologique n’ont pas convaincu grand monde. A commencer par les militants écologistes. Parmi ceux-ci figure Cyril Dion. Pour l’écrivain, Emmanuel Macron « ne comprend rien à l’écologie », absolument rien. La preuve, il croit qu’en remplaçant quelques voitures thermiques par des électriques et quelques chaudières au fioul par des pompes à chaleur, on pourrait réduire de 5 % nos émissions de gaz à effet de serre. Il appelle le président de la République à revoir ses mesures cosmétiques.
Le pétrole et le gaz fossile passés sous silence
Evidemment, les organisations de défense et de protection de l’environnement n’allaient pas louper Emmanuel Macron. Greenpeace en premier lieu. L’organisation rappelle au chef d’Etat qu’il avait promis de nous sortir du charbon pendant son premier quinquennat. Il n’y aurait donc pas matière à faire la fine bouche. Greenpeace déplore d’ailleurs que le président de la République ait passé sous silence le pétrole et le gaz fossile pour se focaliser sur le charbon, qui pèse pourtant moins de 1 % de nos émissions. Il aurait cédé sous la pression des puissants lobbies des énergies fossiles.
La conversion à la biomasse interroge
L’association dénonce également le passage à la biomasse des centrales à charbon d’ici à 2027. Elle craint qu’on abatte plus de bois dans les forêts françaises déjà en mauvaise santé du fait des changements climatiques, ou qu’on importe du bois à l’autre bout du monde.
Pour sa part, le Réseau Action climat pense qu’il n’y a rien de nouveau dans ce qu’Emmanuel Macron a annoncé. De plus, la poignée de nouvelles mesures présentées restent assez floues. De son côté, WWF pointe un manque de vérité de la part d’Emmanuel Macron, même si quelques points sont satisfaisants. Par exemple, la stratégie sur les forêts, qui aurait quand même besoin d’améliorations.
Attendre avant de se prononcer ?
Chez les politiques aussi, toutes les occasions sont bonnes pour cogner le chef de l’Etat. Ainsi, Antoine Vermorel-Marques (LR) l’accuse d’avoir vendu du rêve aux Français. Au lieu d’actions concrètes, il aurait présenté « un inventaire à la Prévert, sans aucun financement et sans loi annoncée ». Il soupçonne le président de vouloir poser « des actions au coup par coup » pour ne rien changer en définitive.
En revanche, d’autres acteurs préfèrent épargner pour l’instant Macron sur sa planification écologique. C’est le cas de Robert Vautard, coprésident du groupe 1 du Giec. Le climatologue dit attendre le rapport du Haut Conseil pour le climat avant de se prononcer. Or il faudra plusieurs mois pour quantifier et évaluer l’action publique.