Opiniatre 26 octobre 2023

Alors que l’UE et le G7 travaillent à l’interdiction des diamants russes, De Beers appelle à la consultation de l’industrie du diamant pour l’élaboration d’un cadre collectif et cohérent. Une telle démarche éviterait de nuire aux exportations de diamants des pays producteurs. 

L’Union européenne et le G7 viennent de lancer les débats sur les projets d’interdiction des diamants russes à partir de 2024. Voulues depuis plus d’un an, les sanctions devraient permettre d’exclure, du marché occidental, les diamants extraits en Russie. Et par ricochet de  fermer une source de financement de la guerre de Moscou contre l’Ukraine.

Fermer tous les circuits par où transitent les diamants russes

Les diamants représentent environ 1% de la valeur des exportations russes. Alrosa, premier producteur mondial avec 30 % de part de marché, pèse 90 % de la production nationale. Cette compagnie dirigée par un proche de Vladimir Poutine aurait déjà indirectement financé le conflit en Ukraine à hauteur de 1 milliard d’euro. L’UE et le G7 ont déjà sanctionné le groupe.

Avec l’accord à venir, ils souhaitent non seulement exclure les diamants russes, mais également couper tous les circuits parallèles. En effet, certains pays comme l’Inde et le Qatar masquent l’origine des gemmes pour les déverser sur le marché occidental. Pour fermer ces voies, Bruxelles et Washington comptent sur la législation, ainsi que la mise en place d’un système de traçabilité complet.

Mettre en place un cadre réglementaire cohérent

Les discussions ont déjà débuté entre les gouvernements, les compagnies minières et les principaux pays producteurs ou transformateurs. Autour de la table se trouve notamment De Beers, deuxième groupe diamantaire au monde avec 28% du marché. Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants du G7 et au comité technique, son PDG Al Cook confirme les pourparlers.

S’il salue ces rencontres, le patron de l’entreprise sud-africaine relève les premières difficultés. D’abord la mise en place d’une législation de façon unilatérale. Al Cook estime que tout cadre réglementaire doit inclure tous les acteurs et tous les pays producteurs ou transformateurs, et non plus les principaux.

Associer toute l’industrie et les pays producteurs

Selon lui, une démarche collaborative, cohérente et collective éviterait de nuire aux exportations de diamants de ces Etats. Aussi, il protégerait les emplois, les entreprises et les moyens de subsistance des communautés. « À De Beers, nous reconnaissons que ce sont les gouvernements, et non les entreprises, qui établissent la législation. Mais nous pensons que des entreprises responsables comme la nôtre peuvent garantir l’efficacité d’une telle législation », indique la filiale d’Anglo American.

Pour que la voix de l’industrie du diamant porte, De Beers s’est associé à 22 autres grandes entreprises, par l’intermédiaire du Conseil mondial du diamant. Cette coalition aidera à faire progresser la proposition du « Protocole du diamant du G7 », estime Al Cook. Outre les discussions exclusives, le groupe minier soulève un problème au niveau de la solution à mettre en œuvre. Il souhaite l’adoption d’un système de traçabilité robuste.

Tracr, la plateforme de traçabilité de De Beers

Aujourd’hui, il existe plusieurs technologies dans le monde pour suivre le parcours des pierres précieuses et éviter les diamants de sang. On note notamment Tracr, le système conçu par De Beers. Cette plateforme utilise la blockchain pour attester de l’authenticité et de la provenance de tous les diamants. Elle offre une transparence sur toute la chaîne, depuis l’extraction jusqu’à la commercialisation.

De Beers aurait engagé une société de lobbying basée à Washington pour promouvoir sa solution auprès des politiques américains. Aussi, l’entreprise s’unit à Sarine pour développer une solution complète et évolutive grâce à l’intelligence artificielle. Sarine possède des plateformes de traçabilité qui traitent plus de 100 millions de diamants. Quant à Tracr, il atteint 1,5 million de pierres, un an après son lancement.

Leave a comment.

Your email address will not be published. Required fields are marked*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.