Alors que le coup d’Etat semble consommé au Niger, les démocrates ouest-africains continuent de donner de la voix pour faire plier le régime militaire de Niamey. De l’ancien président béninois Yayi Boni, à l’homme politique malien Aliou Diallo, en passant par les leaders religieux et les intellectuels, ils ont tous condamné l’interruption du processus démocratique au Niger.
Cela fait plus d’un mois que le président du Niger Mohamed Bazoum a été renversé par l’armée nigérienne. Malgré les appels à un retour à l’ordre constitution et l’ultimatum de la CEDEAO, les militaires restent inflexibles. Pis, ils essaient d’asseoir leur légitimité en nommant un premier ministre. Aussi, ont-ils décidé d’instaurer une transition. Ce qui est inacceptable pour les dirigeants ouest-africains, qui n’ont toujours pas abandonné l’idée d’une intervention armée pour réinstaller le président déchu au pouvoir.
L’impunité au Niger donne des idées ailleurs
C’est dans ce contexte qu’un nouveau coup d’Etat a eu lieu au Gabon le 30 août dernier, renversant Ali Bongo pourtant réélu un jour plus tôt. L’impunité générale incite donc visiblement d’autres militaires à perpétrer des coups d’Etat en Afrique. La CEDEAO avait donc vu juste quand elle a déclaré que le putsch du Niger était celui de trop après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. Si elle ne frappe pas fort pour donner l’exemple, d’autres chefs d’Etat pourront bientôt faire les frais de l’ambition politique des soldats censés défendre l’autorité qu’ils incarnent ainsi que la patrie.
Mobilisation des défenseurs de la démocratie et de la paix
L’épidémie des coups d’Etat qui sévit en Afrique de l’ouest inquiète fortement les démocrates de la région. Depuis le renversement de Bazoum, ils donnent de la voix pour ramener les militaires à la raison. Il s’agit principalement de chefs religieux, de leaders de la société civile, d’intellectuels, d’hommes politiques et d’anciens présidents de la République. Parmi ces derniers, on trouve Yayi Boni. L’ancien chef d’Etat béninois a condamné « le Coup d’Etat militaire perpétré au Niger » et demandé « la libération du Président Bazoum ainsi que la préservation de son intégrité physique et celle de sa famille ». Toutefois, il rejette le recours à la force prôné par la CEDEAO. Yayi Boni privilégie le dialogue et une solution diplomatique négociée.
Non à la généralisation des putschs
Tout comme Aliou Diallo, un homme politique malien qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense. Cet ex député s’oppose à la généralisation des putschs comme mode d’accession au pouvoir. Il considère « les coups d’Etat [comme] des voies sans issue ». Selon lui, « c’est par les urnes que doit se décider l’avenir de nos sociétés » et non par les armes. Celui qui ne présente comme le chantre du dialogue souhaite toutefois une solution pacifique à la crise nigérienne. D’ailleurs, Aliou Diallo n’a pas hésité à s’attaquer aux autorités militaires maliennes.
Du respect de la démocratie pour la stabilité de la sous-région
Le milliardaire conseille de s’atteler à résoudre en priorité les problèmes du pays au lieu de rentrer dans une nouvelle guerre auprès du Niger. Par ailleurs, il s’oppose à la sortie du Mali de la CEDEAO car ce serait au sein de cette organisation que le pays peut lutter efficacement contre le terrorisme et se développer harmonieusement dans le strict respect des valeurs démocratiques. Cette position courageuse du philanthrope malien est partagée par tous les démocrates ouest-africains, soucieux de la stabilité de la sous-région.