Gérard Depardieu au coeur de la polémique. Dans une tribune publiée lundi, plus d’une centaine d’artistes dénoncent les soutiens apportés par des collègues au comédien accusé d’agressions sexuelles et de viols. Selon eux, l’art ne doit pas être un totem d’impunité comme veut le faire croire Emmanuel Macron. Ils se disent aux côtés des victimes présumées jusqu’à ce que toute la lumière soit faite.
Le lundi 1er janvier, 150 artistes ont publié une tribune dans Libération pour exprimer leur indignation face à la vague de soutiens reçue par Gérard Depardieu. Ils ne comprennent pas qu’« au nom de l’art, certaines voix s’élèvent pour défendre Gérard Depardieu, insinuant que son talent devrait le soustraire à toute critique, et même l’excuser pour ses comportements intolérables ».
Une tribune pour défendre Gérard Depardieu
Gérard Depardieu est mis en examen pour viols depuis 2020 et fait l’objet de plaintes pour agressions sexuelles. Le comédien de 75 ans rejette toutefois ces accusations alors que l’opinion publique l’a déjà cloué au pilori. Et pour cause ! Début décembre, l’émission « Complément d’enquête » a diffusé un documentaire de l’artiste en Corée du nord où on l’entend tenir des propos misogynes et proférer des insultes à l’adresse des femmes.
Malgré la diffusion de cette séquence, des chanteurs et des réalisateurs ont signé une tribune le jour de Noël pour défendre Gérard Depardieu. Dans leur texte, ils exhortent à ne pas discréditer l’acteur tant que la justice ne s’est pas prononcée. Ils appellent surtout à ne pas s’en prendre à lui car ce serait s’attaquer à l’art. « Se priver de cet immense acteur serait un drame, une défaite. La mort de l’art. La nôtre », écrivent les signatures.
Le talent ne doit pas justifier l’atteinte à l’intégrité d’autrui
C’est en réaction à cette tribune que 150 personnalités du cinéma ont écrit une contre-tribune lundi pour rappeler à l’ordre leurs collègues. Parmi les auteurs de ce nouveau texte à charge figurent les actrices Murielle Robin et Alexandra Lamy, la dramaturge Rébecca Chaillon, les humoristes Anne Roumanoff et Waly Dia, la danseuse Keiona et la réalisatrice Monia Chokri.
Ces artistes disent ne pas s’attaquer à l’art en épinglant Gérard Depardieu. Ils souhaiteraient simplement protéger cet art si cher, « en refusant fermement qu’il serve de prétexte à l’abus de pouvoir, au harcèlement ou aux violences sexuelles ». Pour eux, « l’art n’est pas un totem d’impunité » et « le talent ne justifie pas la transgression des limites et l’atteinte à l’intégrité d’autrui. ».
Emmanuel Macron interpellé sur son soutien à Depardieu
Les signataires de la contre-tribune disent se ranger du côté des victimes présumées jusqu’à ce que la lumière soit faite. Ils appellent donc à ne pas détourner « le regard des souffrances des victimes, qu’elles soient célèbres ou anonymes ». Par ailleurs, ces militants estiment que la voix des victimes présumées « méritent d’être entendues, crues, et soutenues ». Cela d’autant qu’elles ont eu le courage de braver « la stigmatisation et les doutes pour dénoncer des abus ».
En outre, les signataires interpellent Emmanuel Macron, qui a pris position pour Gérard Depardieu. Le chef de l’Etat se dit « grand admirateur » du comédien et souhaite qu’on ne touche pas à ses œuvres pour avoir « fait connaître la France dans le monde entier ». Cette déclaration a provoqué l’ire des associations féministes. Notamment celle du collectif Nous Toutes, qui a traité cette sortie du président de la République de « crachat au visage des victimes de violences ».