Vendredi, Standard & Poor’s (S&P) a dégradé la note de la dette publique française de « AA » à « AA-« . Selon l’agence de notation financière, cette dette devrait encore augmenter en proportion du PIB, en raison des déficits plus importants que prévus. Mais le ministre de l’Economie Bruno Le Maire tente de rassurer les Français. Il assure que rien changera dans leur quotidien.
Vendredi soir, Standard & Poor’s (S&P) a dégradé la note de la dette française, la faisant passer de « AA » à « AA-« . C’est la troisième fois que l’agence de notation financière américaine, la plus influente au monde, baisse cet indicateur économique. En 2012, elle avait déjà refusé à la France la note la plus élevée, le triple A. Un an plus tard, elle avait encore rétrogradé notre pays.
Moody’s et Fitch ont la même appréciation de la dette publique française
Mais Standard & Poor’s (S&P) n’est pas la seule agence de notation à dégrader la note de l’Hexagone. Moody’s et Fitch l’ont également fait, respectivement en 2015 et 2023. Rappelons que ces classements visent à éclairer les investisseurs dans leurs choix de placements. Si la crise financière a remis en cause leur crédibilité (elles ne l’ont pas vu venir), ces agences demeurent une référence dans l’orientation pour le choix des titres proposés sur les marchés financiers.
La France se rapproche des pays du sud de l’Europe
En proportion du PIB, la France est le troisième pays européen le plus endetté en 2023 (à hauteur de 110,6%) après l’Italie (137,3%) et la Grèce (161,9%). Elle se rapproche ainsi des pays du sud de l’Europe et s’éloigne parallèlement des plus disciplinés du nord. La moyenne de la zone euro s’élève à 88,7%. Si la baisse de la note par S&P (de AA à AA-) exprime la dégradation des finances publiques de l’Hexagone, elle ne devrait conduire à une hausse des taux auxquels la France emprunte.
La France serait toujours aussi attractive malgré sa dette publique
En effet, cette détérioration de la note a davantage d’effets politiques qu’économiques. Elle n’a pas d’impact réel sur les conditions de financement du pays. Les banques et institutions financières du monde souhaitent d’ailleurs mettre plus d’argent dans les caisses tricolores. Lors du dernier appel aux créanciers, elles étaient prêtes à fournir plus de 33 milliards, alors que Bercy avait besoin de 12 milliards.
Bruno Le Maire dit avoir « sauvé l’Économie française »
Fort de cela, Bruno Le Maire temporise. Le ministre de l’Economie et des Finances tend à minimiser la situation et même à discréditer les agences de notation. Ce weekend, il a multiplié les interventions sur les réseaux sociaux et à la télé pour rassurer les Français et surtout se vanter. Au cours d’une interview sur BFMTV, le samedi 1er mai, il a estimé avoir « sauvé l’Économie française », pendant la pandémie du Covid-19 en particulier.
Bercy défend la politique de l’endettement de Macron
Selon Bruno Le Maire, le sauvetage d’une économie a toujours un prix. « Quand on sauve, on paye. Quand on paye, il y a plus de dette », s’est-il justifié. Le patron de Bercy a rappelé que le gouvernement, qui maintient sa politique du « quoi qu’il en coûte », a dû s’endetter ces dernières années pour faire face aux diverses crises. Pas de quoi convaincre l’opposition. Celle-ci affirme que le ministre n’a pas sauvé l’économie française, mais l’a plutôt ruinée.
Aucune hausse d’impôts prévue pour réduire la dette publique
Le RN et LFI ont réclamé une loi de finances rectificative pour pouvoir débattre des mesures d’économies prises par Bruno Le Maire en février. Pour certains élus, il est peu probable que Bercy n’ait pas recours à la hausse des impôts pour renverser la courbe ascendante de la dette publique. Mais Bruno Le Maire jure qu’il n’y en aura pas. Il avait promis en début d’année vingt milliards d’euros d’économies dans les dépenses de l’Etat.