De nombreux personnages d’extrême droite ou réputés proches de cette mouvance ont préféré faire fi des positionnements problématiques caractéristiques du fondateur de l’ex-Front national, après son décès.
La disparition de Jean-Marie Le Pen, mardi 7 janvier 2025, ne laisse pas indifférente la France. Comment pouvait-il en être autrement alors que ce personnage haut en couleurs aura marqué d’une façon ou d’une autre le paysage politique national, voire au-delà.
Les réactions se sont donc ainsi multipliées depuis l’annonce de la nouvelle longtemps attendue par sa famille – il était en retrait de la vie publique pour cause de santé fragile depuis au moins 2023 – pour évoquer la mémoire de l’homme décédé à 96 ans.
Dans le rang du Rassemblement national (RN), héritier du Front national (FN), parti qu’il a créé dans les années 1970 et dirigé des mains de maître jusqu’en 2011 avant d’en céder la conduite à sa fille Marine Le Pen, celles-ci ont été marquées du sceau de l’unanimité autour de la gloire du patriarche défunt.
Un délicat exercice d’équilibrisme
Aucune allusion ou presque sur les nombreuses sorties de pistes et autres condamnations judiciaires qui auront caractérisé la vie de l’homme décrit par le New York Times (NYT) aux États-Unis, comme ayant « bâti une carrière d’un demi-siècle sur des diatribes au racisme à peine voilé, à l’antisémitisme et à la propagande néonazie ».
Le s’est tout au plus contenté de dire qu’« il se plaisait parfois à être polémique ». La « polémique », c’est aussi le terme marquant de l’hommage publié sur le réseau social X par le Premier ministre fraîchement installé François Bayrou.
« Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, Jean-Marie Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était », a écrit le nouveau chef du gouvernement dont le temps de séjour à Matignon pourrait bien dépendre du sentiment du Rassemblement national à son égard.
Un mémoire politique complexe
Le journal Le Monde évoque par ailleurs des « messages univoques que ne renierait pas un frontiste de la première heure » de la part d’élus RN. Quant aux influenceurs d’extrême droite comme Alain Soral et Dieudonné, l’Action française, ils ont salué le « visionnaire » qui avait prédit le « grand remplacement ».
Même l’Élysée s’est contenté d’un communiqué lapidaire, estimant que le rôle de Jean-Marie Le Pen « relève désormais du jugement de l’Histoire ». Et pourtant, nombreux sont ceux qui ne pensent pas que du bien de Jean-Marie Le Pen, comme Le Monde a pu le constater dans ses différents entretiens avec quelques acteurs politiques français.
« J’ai commencé à taper sur mon portable, trois ou quatre fois, des brouillons de tweets. J’ai commencé et j’ai vu que ce serait super compliqué. Ce n’est ni tout blanc ni tout noir », reconnaissait il y a un an déjà auprès du journal, un député, à propos de la mémoire de Le Pen père.