La rédaction 27 mars 2025

Le dernier rapport annuel de la Défenseure des droits dresse un bilan alarmant de la situation concernant les stigmatisations liées aux origines réelles ou supposées sur le territoire français.

La France, ce pays où l’on vous traitera selon que vous êtes Blanc ou Noir ? C’est bien ce que révèle la Défenseure des droits (DDD) dans son bilan de 2024. Publié le mardi 25 mars 2025, le document évoque une hausse des discriminations liées aux origines, réelles ou supposées.

L’autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect des libertés et des droits des citoyens indique ainsi avoir reçu une proportion de 53% d’appels supplémentaires via la plateforme dédiée à la lutte contre les discriminations. Des signalements qui ont connu un pic d’intensité entre mai et juin 2024, période correspondant aux élections législatives.

Les déclarations concernent principalement des propos et comportements racistes, antisémites et islamophobes, visant notamment les personnes dont l’appartenance religieuse est visible, comme celles portant la kippa ou le voile.

Dans un contexte où la question du port du voile dans le sport suscite de nouveaux débats au sein de la société française, ces données revêtent une importance particulière. Elles illustrent les tensions persistantes autour des questions d’identité et d’appartenance, malgré l’évolution vers une société plus diverse et métissée.

Un phénomène sous-déclaré

George Pau-Langevin, adjointe à la Défenseure des droits en charge de la lutte contre les discriminations, pointe du doigt un « glissement du motif de l’origine vers celui de la religion ».

« Les discriminations fondées sur l’origine réelle ou supposée demeurent, en particulier, un sujet tabou », déplore-t-elle, mettant en cause certains discours politiques et médiatiques qui « stigmatisent les immigrés et certaines minorités et légitiment ce faisant les discriminations ».

À en croire ce rapport de la DDD, le sentiment de discrimination augmente d’une génération à l’autre pour les personnes d’origine non européenne (34% chez les descendants d’immigrés d’origine asiatique et africaine contre 26% pour la première génération), alors qu’il recule chez ceux originaires d’Europe.

Paradoxalement, le nombre de réclamations officielles contre les discriminations ne suit pas la même tendance haussière. De fait, seules 5 679 réclamations ont été notées en 2024, soit une baisse de 15% par rapport à 2023.

Pour une politique nationale

Par ailleurs, seulement 15% des victimes de discrimination déclarent avoir engagé une procédure contentieuse.

Les raisons de cette inaction sont multiples : 43% pensaient que cela n’aurait rien changé, 36% ne savaient pas quoi faire, 26% craignaient des représailles, 25% n’avaient pas conscience qu’il s’agissait d’une discrimination et 20% manquaient de preuves.

Face à cette situation préoccupante, la Défenseure des droits plaide pour une mobilisation plus forte des pouvoirs publics.

« La lutte contre les discriminations souffre encore, au niveau national, d’un manque de cohérence et de visibilité. Les politiques publiques se réduisent souvent à des actions ponctuelles et sectorielles, dirigées vers certains critères de discrimination, selon les priorités du moment« , regrette George Pau-Langevin, citée par Le Monde.

Leave a comment.

Your email address will not be published. Required fields are marked*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.