
Les deux figures de proue du parti présidentiel s’affrontent en coulisses dans une lutte feutrée pour préparer l’après-Emmanuel Macron.
L’aphorisme « le poisson pourrit par la tête » ne s’est jamais autant vérifié qu’en Macronie, notamment au parti Renaissance, créé par le président de la République Emmanuel Macron. Dans cette formation qui a su capitaliser sur les frustrations de la droite et de la gauche française, les deux principaux responsables se livrent désormais bataille.
Il y a d’un côté, le président du parti Gabriel Attal et de l’autre la numéro 2 Élisabeth Borne. « C’est désormais une incompatibilité de personnes », confie un cadre du parti au journal Le Parisien, qui révèle par ailleurs que les deux ne communiquent plus que par médias interposés.
Derrière cette situation de pourrissement se mêlent ressentiments réciproques et calculs politiques dans un contexte où le crépuscule du pouvoir jette chaque jour davantage, une ombre sur l’autorité du chef de l’État. Lequel apparaît de toute façon plus préoccupé par son image sur la scène internationale, alors que les crises géopolitiques se multiplient.
La rupture entre Attal et Borne s’est ainsi jouée en trois temps, dont l’épisode inaugural remonte au 9 janvier 2024, selon un récit du Parisien.
Une succession de rancunes
Ce jour-là, Élisabeth Borne, alors Première ministre, voit Gabriel Attal, ministre de l’Éducation, lui succéder contre toute attente. Un camouflet pour celle qui venait de faire adopter la controversée loi sur l’immigration.
La blessure est d’autant plus vive qu’Emmanuel Macron lui avait laissé entrevoir jusqu’à deux jours du remaniement la possibilité de rester à Matignon, à en croire les révélations de son livre « Vingt mois à Matignon » paru en octobre 2024.
« Je suis sous le choc. Je ressens un fort sentiment d’inachevé », écrit-elle. Depuis, les tensions se sont envenimées entre l’ex-Première ministre et son successeur, culminant avec l’élection de Gabriel Attal à la tête de Renaissance en décembre 2024. Élisabeth Borne avait finalement renoncé à se présenter pour se contenter de la présidence du Conseil national.
Une fracture irréconciliable
Un poste sans substance, privé de vrais moyens d’action, selon l’un des membres de cet organe censé redéfinir les orientations du parti et renforcer son unité, interrogé par Le Parisien.
La situation a désormais viré à la suspicion mutuelle depuis la nomination de Borne au ministère de l’Éducation. « Il pense qu’elle défait tout ce qu’il a accompli comme ministre, et elle constate qu’il continue à agir en solitaire », explique l’entourage de l’ancienne cheffe du gouvernement. « C’est la rupture », diagnostique même ce proche auprès du quotidien francilien.
Un point de non-retour semble donc atteint entre les deux dirigeants du parti présidentiel à moins de deux ans de l’échéance présidentielle, chacun étant manifestement décidé à incarner l’avenir du mouvement.