Opiniatre 24 août 2019
Ali Bongo, lors de la célébration de l'indépendance du Gabon, le 17 août 2019

 

Au Gabon, la juge qui avait demandé l’expertise de santé du président gabonais, Ali Bongo, a été suspendue cette semaine par le ministère de la Justice et de l’Intérieur. Il lui est reproché « un manquement aux convenances de son état de magistrat. »

Dans un document daté du 19 août et consulté par RFI, le ministère de la Justice et de l’Intérieur du Gabon émet une interdiction temporaire d’exercer ses fonctions pour Paulette Akolly, la présidente de la cour d’appel judiciaire de Libreville. Selon le document, la magistrate « s’est illustrée par un refus de respecter une décision rendue le 26 juillet 2019 par le premier président de la Cour de cassation, attitude qui pourrait être assimilée à un manquement aux convenances de son état de magistrat, à l’honneur, à la délicatesse ou la dignité ». La juge devait examiner la demande d’expertise médicale pour évaluer la capacité du président Ali Bongo à gouverner après son AVC d’octobre 2018.

La juge suspendue passera en conseil de discipline

Tout commence en mars 2019 lorsque le collectif « Appel à agir », qui regroupe des personnalités de l’opposition et de la société civile, dépose une requête demandant un examen médical du président Ali Bongo Ondimba. Début mai un tribunal juge la requête de l’opposition irrecevable, assurant que seule la Cour constitutionnelle a le pouvoir de constater l’empêchement du président à gouverner. Ainsi débouté en première instance, le collectif avait ensuite interjeté appel. Après un renvoi le 15 juillet, la Cour d’appel lui avait donné raison le 12 août. Mais la Cour de cassation avait demandé à la Cour d’appel de se dessaisir de la requête, au motif qu’elle serait incompétente pour juger cette affaire d’expertise médicale. Malgré cette injonction, sa présidente Paulette Akolly fixe une audience pour le 26 août.

Cette audience semble aujourd’hui compromise étant donné que la juge ne pourra plus exercer ses fonctions jusqu’au 30 septembre.

Le syndicat national des magistrats n’a pas encore exprimé son soutien à la juge, qui devrait passer devant le conseil de discipline.

Ali Bongo, le nouveau Bouteflika

Rappelons que le président gabonais n’a pas pris la parole en direct et en public depuis qu’il a prononcé quelques mots à son retour à Libreville fin mars. Il avait passé cinq mois de convalescence à l’étranger (au Maroc notamment), suite à une crise d’AVC en octobre 2018. Ce silence a poussé une partie de l’opposition à demander cet examen.

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