Les chiffres du Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI) ont été publiés courant janvier et l’année 2019 a été le théâtre d’une nouvelle hausse du nombre de d’actes de délinquance en France. Un sujet sensible, qui est presque passé sous silence par le ministère, dans un contexte social compliqué et l’approche des élections municipales.
Les violences sexuelles enregistrent la plus forte hausse
« Comme en 2018, les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus enregistrent une forte hausse en 2019 (+8%)» indique le SSMSI. Concernant les violences sexuelles, les statistiques sont elles aussi très mauvaises : «après une année 2018 marquée au niveau national par une hausse sensible (+19%), l’année 2019 affiche également une augmentation très nette de ces violences (+12%)». Lorsque l’on s’attarde plus en détail sur ces chiffres, les plaintes pour viol sont celles qui enregistrent la plus forte hausse parmi les violences sexuelles : « des viols en hausse (+19% contre + 17% en 2018 et +12% en 2017), les autres agressions sexuelles, y compris le harcèlement sexuel, augmentent de 8% ».
Selon les chiffres du service statistique du ministère, aucune région n’est épargnée par cette hausse des violences : « toutes les régions françaises ont connu des augmentations du nombre de viols, agressions et harcèlements sexuels enregistrés par les forces de sécurité en 2019« . Cependant, certaines régions ont subi une hausse plus importante que les autres. C’est notamment le cas pour « la Corse, le Centre-Val-de-Loire, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine » précise le SSMSI.
Pourtant, si le nombre de signalements de violences, augmente, cela serait en partie lié au fait que les victimes, en particulier des femmes, sont dans une dynamique de libération de la parole, dans la continuité du tollé provoqué par l’affaire Weinstein. Caroline De Haas membre du collectif Nous Toutes, indique que « La parole des femmes a été prise plus au sérieux qu’auparavant » et qu’il y a eu « un début de changement de comportement dans les commissariats et les gendarmeries dans la manière d’accueil les femmes victimes de violence. »
« Un retour à presque quarante années en arrière »
Alain Bauer, à l’initiative de la création de l’Observatoire national de la délinquance estime qu’il s’agit là du « pire bilan qu’on ait vu depuis des années« . Pour lui, « ces chiffres sont particulièrement révélateurs. Les violences qui grimpent ne sont pas seulement celles liées au maintien de l’ordre. Tous les types de violence sont concernés, faisant effectivement craindre un retour à presque quarante années en arrière, en tout cas sur le terrain des homicides et des tentatives d’homicides. »