Opiniatre 18 mai 2020
L'Artemisia dans un bocal.

 

Des études montrent que l’Artemisia soigne le paludisme aussi efficacement que la chloroquine. Or la chloroquine soignerait le coronavirus, si l’on en croit l’éminent infectiologue français Didier Raoult. Alors, pourquoi ne pas utiliser l’Artemisia pour soigner également ce virus ? Se demandent de nombreux pays africains, dont le Sénégal.

Les Africains ont foi en la pharmacopée

Si l’Artémisia annua était connue de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis plusieurs années, son intérêt a été relancé par le remède vanté par les autorités malgaches contre le Covid-19 : le Covid-Organics. Si l’on en croit le président Andry Rajoelina lui-même, cette tisane soigne toute personne atteinte du coronavirus. Malgré les démonstrations spectaculaires du chef d’Etat malgache et les déclarations de l’Institut malgache de recherches appliquées, l’OMS reste sceptique sur les possibilités de ce traitement à venir à bout du Covid-19. Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a même mis en garde « les pays contre l’adoption de produits n’ayant pas fait l’objet d’essais cliniques rigoureux afin de garantir leur sécurité et leur efficacité contre le Covid-19 ». Le bureau régional de l’organisation a encore récemment indiqué qu’il était en contact avec les autorités malgaches pour vérifier l’efficacité du Covid-Organics.

Les mises en garde de l’OMS et les affirmations de la presse occidentale ne découragent pourtant pas les Africains qui souhaitent tester ce remède produit par les chercheurs de leur continent. Certains Etats comme le Sénégal auraient même déjà commandé quelques litres de Covid-Organics après des essais concluants non encore validés par la communauté scientifique mondiale.

Des propriétés curatives contre la fièvre et le paludisme

Du point de vue des Occidentaux, les Africains ne font pas preuve de sérieux quand ils mettent foi en un remède qui n’a jusque-là pas convaincu. Ce qu’ils oublient, c’est que l’Afrique diffère de l’Occident. Ce continent a une plus grande expérience et une confiance en la pharmacopée. Depuis des siècles, les Africains se soignent avec des plantes, sans que les laboratoires n’aient mis des cachets « scientifiques » sur ces remèdes.

D’ailleurs, l’Artémisia annua a une histoire en Afrique. La plante, originaire de Chine, où elle est inscrite dans la pharmacopée depuis 2 000 ans, a des propriétés curatives contre la fièvre et le paludisme, qui sévissent dans les pays africains. Sa culture à grande échelle en Afrique, encouragée au début des années 2000 par l’OMS du fait de sa contribution à la fabrication des anti-paludéens à base d’artémisinine, a démarré dans l’est du continent, notamment en Tanzanie. Le Kenya ou encore Madagascar comptent parmi les principaux producteurs de cette plante médicinale.

L’OMS attend toujours des études scientifiques sérieuses

Aussi, l’OMS elle-même promeut depuis 2001 les associations médicamenteuses comportant de l’Artémisia (ACT) dans tous les pays où le paludisme à plasmodium falciparum – la forme la plus (sévère) de la maladie – est endémique, comme le continent africain. Mais voilà, l’organisation attend des études sérieuses qui puissent la rassurer. Elle craint que cette plante provoque de la résistance comme celle qu’il y a eue avec la chloroquine contre le paludisme. Or il se pose le problème du coût des études pour une plante que tout le monde peut faire pousser chez soi. En Afrique, il n’y a pas d’argent pour ce genre de projets, y compris auprès des Etats. En attendant un potentiel vaccin et une étude sur l’Artemisia, les Africains préfèrent donc essayer un remède qui ne leur fait pas de mal.

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