Opiniatre 22 août 2020
Une jeune femme avec un voile, les yeux embués de larmes.

 

Le 17 août, à Besançon, une adolescente musulmane d’origine bosniaque a été tondue et frappée par ses parents pour avoir voulu se marier avec un jeune serbe de confession chrétienne. Ses bourreaux ont été placés sous contrôle judiciaire avec notamment l’interdiction de contacter leur fille.

Un quart de siècle après la guerre de Bosnie (1992-95), qui a opposé musulmans, croates et serbes, les cicatrices demeurent profondes. La nouvelle génération n’y échappe pas. Elle est la grande victime de ces rancœurs tenaces. La preuve, le 17 août à Besançon, une adolescente musulmane d’origine bosniaque a été tondue et frappée par ses parents pour avoir voulu se marier avec un jeune serbe de confession chrétienne.

« Nous sommes musulmans, tu ne te marieras pas avec un chrétien »

Arrivée en France en 2017, la famille de la jeune fille de 17 ans habitait un des immeubles du quartier des Clairs-Soleils. Il y a quelques mois, elle a fait la connaissance d’un garçon de 20 ans d’origine serbe et de confession chrétienne, habitant le même bâtiment. Elle a fini par entretenir une relation avec ce voisin. Les familles des deux adolescents se connaissaient et leur relation n’a pas posé de problème. Mais, quand les jeunes ont commencé à parler de mariage, les parents de la fille lui ont rappelé la « coutume » : « Nous sommes musulmans, tu ne te marieras pas avec un chrétien ». En effet, selon la tradition musulmane, un homme peut se marier avec une non-musulmane si elle est d’une des religions du Livre (juive ou chrétienne). En revanche, une femme ne peut épouser un non-musulman.

Quatre jours de fugue pour les jeunes amoureux

Pour la punir de son obstination, les parents la privent de téléphone et l’empêche de contacter son petit ami. Les deux amoureux décident alors de s’enfuir tout en gardant le contact avec leurs parents respectifs. Après quatre jours de fugue, ils reviennent à Besançon et prennent la résolution de régler le problème. Le lundi 17 août donc, ils se rendent tous deux, avec les parents du jeune homme, chez la famille bosniaque. Malheureusement, tout va dégénérer avec un accès de colère du père, de la mère, de la tante et de l’oncle.

« Violences sur mineur en présence de mineurs et en réunion »

« La première gifle est partie de la mère, puis il y a eu un déferlement de violence. Elle est emmenée dans une chambre, violentée. Elle a été tondue, selon ses déclarations, par son oncle tout en étant frappée », a détaillé Margaret Parietti, vice-procureure de la République. La magistrate précise que l’adolescente avait auparavant « 60 cm de cheveux ». Alertée par le jeune homme, la police a arrêté et placé en garde à vue les quatre parents. Ils seront présentés au parquet jeudi puis à un juge des libertés et de la détention, d’ici à l’automne, pour « violences sur mineur en présence de mineurs et en réunion ». Les autres enfants de la famille ayant assisté à la scène. Les quatre parents sont passibles de 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende. Ils ont reçu une interdiction logique de contacter leur fille et nièce.

14 jours d’ITT pour l’adolescente

Quant à la jeune fille, elle a été placée « sous protection judiciaire dans une structure adaptée », selon le parquet. Un médecin lui a délivré une incapacité totale de travail (ITT) de 14 jours. Elle souffre d’une côte cassée et d’hématomes « un peu partout », notamment « au niveau d’une oreille, ce qui est caractéristique d’une traction », indique la vice-procureure.

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