Opiniatre 21 septembre 2020
Des vaches sur un pré vert.

 

Au Brésil, le groupe Casino a été mis en demeure par plusieurs ONG de respecter la législation sur le devoir de vigilance, alors que certaines fermes de ses filières d’approvisionnement seraient liées à la déforestation illégale. Dans un communiqué commun, les associations menacent de « solliciter la réparation des préjudices qui en découlent ».

« À elles seules, ces fermes représentent 4 500 hectares de forêts coupés illégalement »

Au Brésil, le groupe Casino est pointé du doigt. Une coalition d’associations a épinglé ce lundi le distributeur français sur les filières d’approvisionnement en bœuf de certaines de ses filiales en Amérique du Sud, regroupées au sein de GPA (pour Groupo Pão de Açúcar). « Ces associations françaises, américaines et colombiennes nous ont mandaté afin de vous mettre en demeure de respecter les obligations légales qui s’imposent à la société Casino Guichard-Perrachon en matière de devoir de vigilance et de risques liés à la déforestation en Amérique du Sud », ont annoncé leurs avocats dans un courrier adressé lundi 21 septembre au PDG du groupe, Jean-Charles Naouri.

Parmi ces ONG figurent Notre Affaire à tous, Sherpa, Mighty Earth et Envol Vert, dont un rapport publié en juin a servi de base à cette présente action. Ce document mettait en lien quatre fermes liées à la déforestation illégale au Brésil, en Amazonie et dans le Cerrado et 52 produits « vendus en rayon et aussi dans les étals de boucher de deux magasins du groupe ». « À elles seules, ces fermes représentent 4 500 hectares de forêts coupés illégalement pour laisser place au pâturage de bovins. Des terres autochtones protégées sont également converties », dénonçait le rapport de l’ONG colombienne.

Casino doit prendre ses responsabilités, sinon…

Dans la lettre de mise en demeure, les avocats font valoir que « l’enquête de terrain menée par Envol Vert a permis de démontrer que ces fournisseurs du groupe Casino […] se sont régulièrement fournis auprès de fermes mises en cause dans des activités de déforestation et d’accaparement des terres indigènes ». Les ONG exigent que le groupe établisse une cartographie des risques, une traçabilité sur toute la chaîne d’approvisionnement ainsi que la mise en place d’un système d’alerte, notamment en cas de violation des droits des peuples amazoniens.

« Lorsque Casino dit qu’ils ont vérifié que leurs trois principaux fournisseurs s’approvisionnent directement auprès de fermes qui ne font pas de déforestation, c’est l’objet de ce dossier de leur dire que ce n’est pas suffisant », a fait valoir Maître François de Cambiaire. Maintenant, les associations se disent prêtes à porter l’affaire au tribunal et à « solliciter la réparation des préjudices qui en découlent », si l’entreprise stéphanoise « ne se met pas en conformité dans un délai de trois mois ».

9 178 km2 de forêts déboisées en 2019

La loi sur le devoir de vigilance invoquée par les ONG oblige les sociétés de plus de 5 000 salariés en France, ou plus de 10 000 dans le monde, à publier un plan de vigilance destiné à prévenir les risques en matière d’environnement, de droits humains et de corruption qui pourraient résulter de leurs activités et de celles de leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants. « Les liens entre la viande vendue par Casino et la déforestation montrent combien aujourd’hui cette loi est nécessaire », estime Sandra Cossart, directrice de l’ONG Sherpa.

Lors des huit premiers mois de l’année, les satellites de l’Institut national de recherches spatiales (INPE) ont identifié 6 086 km2 déboisés dans la plus grande forêt tropicale de la planète. En 2019, la déforestation avait atteint un niveau exceptionnel (9 178 km2), la première année du mandat du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, très critiqué pour sa politique environnementale.

Leave a comment.

Your email address will not be published. Required fields are marked*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.