Le vote par anticipation sorti du chapeau du gouvernement à travers un amendement introduit mardi 16 février 2021 au Sénat, a été très froidement accueilli par la classe politique dans son ensemble. Une situation due à un certain nombre facteurs.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la perspective du vote par anticipation à la prochaine présidentielle n’emballe pas grand-monde au sein de la classe politique. À commencer par les sénateurs qui ont largement dit non en commission à la proposition du gouvernement sur le sujet, mercredi. Ce dernier avait en effet introduit 24 h plus tôt, dans un texte global sur l’organisation du scrutin présidentiel à venir, un amendement censé instaurer le vote par anticipation pour les citoyens désireux. L’objectif selon l’exécutif, étant de permettre aux électeurs de voter plus sereinement dans ce contexte de crise sanitaire marquée par des mesures restrictives à répétition. Surtout, cela devrait permettre, à en croire les défenseurs de cette méthode, de limiter les abstentions, un des points noirs du dernier scrutin municipal en France. Des objectifs louables donc de la part de l’exécutif, mais que la classe politique n’entend pas de cette oreille.
Des griefs nombreux et variés
Le premier reproche contre cet amendement tient à sa forme. En effet, le gouvernement a pris de court presque tout le monde en introduisant le texte à la dernière minute et sans concertation préalable de surcroit avec les autres institutions de la République pouvant intervenir sur le sujet. Cette attitude a suffi à l’opposition pour accuser Emmanuel Macron et les siens d’avoir un agenda caché à propos de l’organisation de la présidentielle. D’autant plus que le scrutin doit avoir lieu dans quelques mois à peine.
Les machines à voter devant servir pour le vote sont également mises à l’index par les détracteurs du projet. Car, même si plusieurs pays dont : le Portugal, la Corée du Sud ou encore les États-Unis ont récemment expérimenté le vote par anticipation avec plus ou moins de succès, l’outil mis à contribution est toujours susceptible d’être piraté. Pour cela, la classe politique française n’en veut pas.
Par ailleurs, le vote par anticipation pourrait accroître les inégalités entre les citoyens de la campagne et ceux résidants dans les grandes villes, puisque les machines à utiliser devraient être installées dans les préfectures. Et il n’est pas certain, selon nombre de spécialistes, qu’il puisse renforcer la légitimité des élus. Car cette méthode incite à voter plus tôt que d’habitude alors que les électeurs tendent à se décider dans les derniers instants en faveur de tel ou tel autre candidat.
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