Au Royaume-Uni, les autorités ont installé une gigantesque barge à Portland pour l’accueil des migrants. Un premier groupe de personnes a pris place à bord de cette grande péniche le lundi 7 août. Les ONG ont vivement critiqué cette initiative de Londres.
Le lundi 7 août, quinze migrants ont été installés à bord du « Bibby Stockholm », une immense barge à quai commandée par le gouvernement britannique pour accueillir des demandeurs d’asile. Amarrée à Portland (sud-ouest du Royaume-Uni), cette péniche gigantesque de 93 mètres de long et de 27 mètres de large comprend 222 cabines devant abriter jusqu’à 500 personnes.
Un système jugé cruel et inhumain
Ce projet d’hébergement inquiète à Portland, le seul port britannique pour l’instant à avoir accepté d’amarrer une telle barge. En effet, certains habitants craignent pour leur sécurité avec la présence potentielle de bandits parmi les migrants. Plus largement, au Royaume-Uni, les gens dénoncent une initiative inhumaine et cruelle. Les ONG, en particulier, parlent d’une prison flottante. C’est le cas de Care4Calais, qui ne comprend pas la mise en place d’un tel système pour des demandeurs d’asile qui ont déjà trop souffert de tortures et d’expériences traumatisantes en mer.
Des risques d’épidémie et d’incendies mortels
Le syndicat britannique des pompiers (FBU) qualifie, lui, le « Bibby Stockholm » de « piège mortel ». Il pense qu’en cas d’incendie, les pompiers auront des difficultés à intervenir à cause de l’étroitesse des couloirs. Outre des difficultés de sauvetage, il se poserait aussi et surtout un problème sanitaire avec la promiscuité. En effet, l’Agence britannique de sécurité sanitaire craint les infections respiratoires, qui se propagent très vite dans des espaces confinés avec une ventilation plus faible.
Une décision irréfléchie et impulsive
Pour prévenir toute épidémie, l’organisation prévoit de visiter la barge afin de mener des contrôles sanitaire une fois les migrants installés à bord. Elle dénonce d’ailleurs le fait que le « Bibby Stockholm » doive accueillir 500 migrants, alors qu’il a été aménagé pour 222 personnes. Pour l’Agence britannique de sécurité, « c’est encore un autre exemple d’une réaction irréfléchie et impulsive face à l’arriéré de demandes d’asile ». En effet, plus de 130.000 demandes d’asile attendent toujours d’être évaluées, la plupart depuis plus de six mois.
Velléités d’expulser les migrants vers d’autres pays
Noyées par ces dossiers, les autorités conservatrices du Royaume-Uni ont fait de la lutte contre l’immigration une priorité. Pour stopper l’afflux de migrants traversant illégalement la Manche, elles multiplient les initiatives ces derniers mois. Londres a notamment adopté une loi controversée interdisant désormais aux migrants illégaux de demander l’asile au Royaume-Uni. Il envisage également de les expulser vers des pays comme le Rwanda ou de les envoyer sur l’île volcanique de l’Ascension au cœur de l’océan Atlantique.
Trop coûteux, l’hébergement des migrants dans les hôtels
En outre, le gouvernement a durci les sanctions financières contre les employeurs de migrants en situation irrégulière. Par ailleurs, il a signé un partenariat avec les réseaux sociaux pour accentuer la lutte contre les contenus incitant à traverser la Manche. Le Bibby Stockholm est la dernière de ces mesures et projets contre l’immigration clandestine. Le Royaume-Uni dit n’avoir pas le choix que de recourir à cette barge en raison du coût des logements. Il dépenserait plus de 6 millions de livres sterling (près de 7,6 millions de dollars) par jour pour l’hébergement des demandeurs d’asile dans les hôtels.