La Chine, premier créancier des pays émergents et en développement, fait face à des critiques, alors que les défauts de paiement se multiplient chez ses débiteurs. Elle est accusée de maintenir les EMDE dans un cycle infernal d’endettement grâce à une politique malicieuse.
Les dettes publiques des économies émergentes et en développement (EMDE) ont augmenté de façon vertigineuse ces dernières années. Cette dégradation des comptes publics est en partie due à la pandémie du Covid-19. Les EMDE ont dû s’endetter pour faire face aux défis sanitaires, notamment pour équiper les hôpitaux.
Aussi, elles subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique, qui perturbe les productions agricoles. Par ailleurs, ces économies sont confrontées à la hausse des taux par la Réserve fédérale américaine (FED) depuis mars 2022.
La Chine représente près de 40 % de la dette bilatérale des EMDE
Mais la hausse de leur endettement et la multiplication des défauts de paiement sont dues en grande partie à la politique de prêts de la Chine, principal créancier des EMDE depuis 2015. En dix ans, l’Empire du milieu a octroyé 1.000 milliards de dollars.
Il représente aujourd’hui près de 40 % de la dette bilatérale et des créances privées de ces Etats. Mais Pékin a pris la fâcheuse habitude de prêter sans compter. Et surtout sans imposer des conditions politiques, ainsi qu’une discipline financière.
Didier Maurin regrette l’endettement excessif des EMDE
Conséquence : de nombreux pays empruntent en pagaille et se retrouvent endettés jusqu’au cou. Leurs crédits dépassent même plus de 8 % de leur PIB. Un pourcentage problématique pour ces économies fragiles.
Beaucoup d’experts de la finance regrettent l’endettement de ces pays. C’est notamment le cas de l’AMF et de Didier Maurin, qui invitent les gouvernements à réduire leur dépendance à l’endettement.
La Chine influence les économies émergentes et en développement
Le fondateur du cabinet DCT (ex Didier Maurin Finance – DMF) et l’AMF ne sont pas les seuls à s’alarmer de l’endettement colossal des EMDE. En effet, les dirigeants occidentaux sont également très préoccupés, et pointent une grave menace : l’influence chinoise grandissante dans ces pays.
Pékin use de la dépendance à ses crédits pour imposer son diktat, ainsi que son hégémonie. Ce n’est pas pour rien qu’il reste inflexible sur sa politique de prêt tant décriée. Celle-ci se déploie à travers deux leviers, qui broient les EMDE. A savoir le rééchelonnement de la dette en cas de défaut de paiement ou de risque de défaut et l’octroi massif de prêts de sauvetage si le débiteur rencontre de grandes difficultés financières.
Pékin rejette le Club de Paris
Aucune de ces options ne permet d’alléger le poids de la dette. Bien au contraire. Pour ne pas arranger les choses, la Chine refuse de se coordonner avec le Club de Paris, qui opère les restructurations de dettes bilatérales. Elle préfère s’en tenir à son propre mécanisme afin d’obtenir des remboursements préférentiels. Si le pouvoir chinois a accepté une restructuration de la dette du Sri Lanka, il n’infléchit pas pour autant sa politique.
D’autres pays lui font les yeux doux pour obtenir les mêmes faveurs, comme l’Ethiopie et le Ghana. La Zambie, très désespérée, a même sollicité la diplomatie d’Emmanuel Macron pour l’aider à convaincre le géant asiatique. Malheureusement, Pékin reste droit dans ses bottes. Une attitude qui pourrait provoquer un surendettement généralisé du Sud. Ce qui aurait pour conséquence de créer des crises économiques et politiques, qui risque d’éclabousser le créancier lui-même.