Après la publication de textes et dessins réalisés dans sa jeunesse, Yann Moix a présenté ses excuses dans l’émission de France 2 « On n’est pas couché » diffusée ce samedi soir, mais enregistrée vendredi. L’écrivain et chroniqueur se dit dégouté de lui-même, de cet être lâche et con sur lequel il cracherait aujourd’hui.
Confronté aux textes négationnistes de sa jeunesse, Yann Moix s’est expliqué vendredi sur France 2, dans « On n’est pas couché », qui sera diffusée ce samedi soir. Dans cette émission télé à laquelle a assisté Le Parisien, l’écrivain et chroniqueur s’attaque en des mots durs à la personne qu’il était à 20 ans.
Yann Moix déconstruit son « Moi »
Yann Moix commence d’abord par faire acte de contrition : « Mon cher Laurent, je me détesterai si je parlais de mon livre. La première chose, je demande pardon pour les dessins abjects, choquants que j’ai commis à 20 ans », a-t-il dit sur le plateau dont il fut un temps chroniqueur. « Le jeune homme que j’étais, je lui cracherais dessus aujourd’hui », a-t-il notamment lancé face à Laurent Ruquier. Poursuivant, il s’est adressé spécialement au philosophe Bernard-Henri Levy qu’il a attaqué avec virulence dans son passé. « Je demande pardon à Bernard-Henri Lévy (aujourd’hui un de ses proches, NDLR) et à tous ceux que j’ai blessés du plus profond de mon être. Pardon pour ces bandes dessinées », s’est-il excusé encore. Les dessins, dont parle l’auteur, étaient parus dans un magazine artisanal en 89-90, quand il avait 21 ans. Dans l’un des textes divulgués par l’Express, Yann Moix qualifie le philosophe de « youpin dont le crâne n’a hélas pas été rasé par les amis d’Adolf ».
Un copieux lynchage de sa jeunesse
Outre les propos antisémites, Yann Moix a aussi tenu des déclarations négationnistes. « A la page 98 de ce manuscrit, on retrouve des passages entiers de textes violemment antisémites qui seront publiés dans “Ushoahia” », écrit l’Express, qui cite notamment ce passage : « Chacun sait, ô Marie, que les camps de concentration n’ont jamais existé ».
Dans Libération, Yann Moix avait déjà reconnu avoir écrit de telles choses dans sa jeunesse. « J’assume, j’endosse tout. Ce que j’ai fait à l’époque avec 3 ou 4 cons, on était des types complètement paumés », avait-il dit. Vendredi il a continué son autoflagellation : « Je n’avais pas les épaules assez larges pour me suicider physiquement alors je me suis suicidé moralement […] J’ai un dégoût de moi-même, ce raté, cet être méprisé et méprisable. Je me vomissais. », a-t-il dit. Il enfonce ensuite le clou : « Je suis un lâche », « J’ai été une ordure ».
« J’accepte tous les procès, même à la télé »
Il confie avoir longtemps lutté pour se débarrasser de ce poids sur sa conscience, en vain, jusqu’à ce que le magazine l’Express exhume son passé. « J’ai failli vous en parler Laurent (Ruquier), mais je n’y arrivais pas. C’était devenu un supplice. J’achetais les journaux pour savoir si ça allait tomber ». Et s’il a aujourd’hui réussi à s’en sortir moralement, c’est grâce aux gens qu’il a pourtant vilipendés. « J’ai essayé de m’arracher de ce trou noir, de ce cauchemar grâce à des gens lumineux comme BHL qui m’ont permis de me construire intellectuellement. J’ai essayé de me racheter toute ma vie, de combattre la xénophobie. », admet-il. Maintenant que tout est accompli, il accepte d’être jugé à la mesure de sa bêtise juvénile : « J’accepte tous les procès, même à la télé, assure Yann Moix. J’ai été moi-même un procureur, ici ».