Opiniatre 8 mars 2021

Considéré comme le candidat idéal pour la transition énergétique, l’hydrogène fait l’objet de nombreux plans gouvernementaux et de projets industriels à travers le monde. Dans cette course, c’est bien l’Europe qui semble le plus avancée. Mais, elle aura besoin de tourner vers l’étranger, en particulier l’Afrique, pour combler ses besoins énergétiques.

Depuis plusieurs mois, le monde s’emballe pour l’hydrogène naturel, perçu comme l’énergie du futur en raison de ses avantages environnementaux et économiques. Cet intérêt vivace est incarné par l’Europe, qui multiplie les investissements depuis le début de la pandémie du coronavirus. Dans l’industrie, des majors comme Total et Engie ont lancé des projets et signé des partenariats pour le développement de l’hydrogène vert, une forme propre contrairement au gris ou au turquoise. De leurs côtés, les Etats ont dégainé des plans pour démocratiser l’usage de ce gaz. La France a ainsi promis 7 milliards d’euros en septembre 2020, tandis que l’Allemagne avait annoncé 9 milliards d’euros, trois mois plus tôt. La première puissance économique de l’Union européenne souhaite devenir numéro de l’hydrogène naturel d’ici 2030.

L’Allemagne se tourne vers l’Afrique de l’Ouest

Mais, tous ces investissements ne suffiront pas à garantir une production à la hauteur de la demande européenne. De plus, la fabrication de l’hydrogène vert nécessite beaucoup d’électricité et d’eau, à la fois pour l’électrolyse et pour le refroidissement des équipements. Aussi, faut-il construire de vastes champs de panneaux photovoltaïques. Or il n’existe pas d’espaces pour ces infrastructures, à moins de décimer des milliers d’hectares de forêts. Ce qui provoquerait une opposition farouche de la société, et plus particulièrement des écologistes. La solution serait alors de tisser des partenariats à l’étranger, notamment dans le Sahel (Afrique), où les conditions sont réunies : de grands espaces et un ensoleillement suffisant.

L’Allemagne a déjà signé un premier accord en juin 2020 avec le Maroc pour produire dans ce pays. En août 2020, d’autres accords ont été signés avec le Nigeria et le Niger. Aussi, Berlin envisage de prospecter dans tous les 15 pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Mali. Dans ce dernier Etat, un entrepreneur nommé Aliou Diallo fait des prouesses avec l’hydrogène naturel. Cette forme native de l’hydrogène se révèle totalement vertueuse, contrairement à l’hydrogène vert ou bleu. En effet, elle se trouve en abondance sur Terre, est renouvelable, n’émet pas de CO2 et ne coûte pas chère. L’entrepreneur Aliou Diallo était récemment en Allemagne à la demande des ministères qui chapeautent le programme de l’hydrogène blanc (hydrogène naturel). Ils ont félicité le promoteur malien pour les travaux réalisés par sa compagnie Hydroma. L’Allemagne compte s’en inspirer.

Un pipeline pour approvisionner l’Europe en hydrogène naturel

Lors du même voyage, Aliou Diallo a également visité une société en Bavière, spécialisée dans le transport de l’hydrogène avec des iso-conteneurs. On y mélange l’hydrogène au toluène pour rendre le gaz inflammable. Sa compagnie, Hydroma, compte bientôt approvisionner toute l’Afrique et l’Europe en électricité verte, après huit années de production près du village de Bourakébougou (Mali). « Nous avons programmé de faire un pipeline pour transporter l’hydrogène naturel du Mali jusqu’à la porte de l’Europe. Donc ça fait 4700 kilomètres. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable. L’Europe même est en train de construire 23.000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène », souligne Aliou Diallo dans une interview sur la chaîne Africable Télévision en octobre 2020.

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