Tim P 2 février 2023
Le pape François en visite au Parlement européen à Strasbourg en novembre 2014.

 

En RDC pour une visite de trois jours, le pape François a dénoncé mardi le colonialisme économique dont est victime ce pays. Cette prédation n’est plus seulement le fait des multinationales et des pays lointains, mais également des Etats voisins, qui lorgnent sur ses richesses immenses.

Le pape François a entamé mardi une tournée de cinq jours sur le continent africain en commençant par la République démocratique du Congo (RDC). Arrivé à 15H à Kinshasa, la capitale congolaise, il a eu une rencontre dans l’après-midi avec le président Félix Tshisekedi, le corps diplomatique, la société civile et les représentants religieux au palais présidentiel.

Stop à la prédation économique en RDC

Dans un discours en italien, le chef de l’Église catholique a évoqué les immenses richesses naturelles de la RDC ainsi que le dynamisme de sa population. Selon lui, le pays devrait normalement connaître le développement avec ces potentialités. Malheureusement, depuis de nombreuses années, il est victime de la prédation économique. Celle-ci n’est plus seulement le fait des pays lointains (les ex colonisateurs occidentaux) et leurs multinationales, mais également des Etats voisins. Sans le citer, le Saint Père fait allusion au Rwanda qui soutient le groupe armé M23 dans l’est de la RDC.

« Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique! Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser », a lancé le Souverain Pontife qui souhaite le continent « soit protagoniste de son destin! ». Le pape François regrette également que la communauté internationale ait pratiquement abandonné la population congolaise à son sort. Elle a fermé « les yeux, les oreilles et la bouche » devant l’horreur. Et ce n’est pas la présence de la Monusco, une force spectatrice, qui changerait sa perception.

Les politiques également dans le viseur

Ces déclarations du chef du Vatican ont été fortement applaudies par l’assistance. Y compris par le président congolais Félix Tshisekedi qui voit aussi les manœuvres des groupes armés, des puissances étrangères avides des minerais et du « lâche voisin », le Rwanda. Mais le Souverain Pontife n’a pas ménagé la classe dirigeante. Il a appelé les responsables politiques à vivre « la fonction reçue comme un moyen de servir la société » et non de se servir.

Il a également prié les gouvernants de fuir « l’autoritarisme, la recherche de gains faciles et la soif d’argent ». Par ailleurs, l’évêque de Rome les a exhortés à « favoriser des élections libres, transparentes et crédibles» à 11 moins de la présidentielle. A la population, il a demandé à se départir du « tribalisme » et de « la confrontation ». Il a rappelé que le « problème n’est pas la nature des hommes ou des groupes ethniques et sociaux, mais la manière dont on décide d’être ensemble», de former une nation. En outre, le pape Français a lancé un appel en faveur de la réconciliation et de la paix, seule condition pour que la RDC profite enfin de ses richesses.

Visite au Soudan du Sud ce vendredi

Véritable géant d’Afrique, la RDC s’étend sur 2,3 millions de km² (soit quatre fois la superficie de la France) pour plus de 95 millions d’habitants. Compte tenu de ses immenses ressources naturelles, il est considéré comme un scandale géologique. Son sous-sol régorge des minerais les plus recherchés au monde, dont le diamant, le lithium, le cobalt et l’or. Il possède aussi une grande partie du bassin du Congo, le deuxième plus grand bassin fluvial du monde après celui de l’Amazone.

Le pape François quitte la République démocratique du Congo ce jeudi soir pour une visite au Soudan du Sud. Dans ce pays meurtri par une guerre ethnique, il va également rencontrer des victimes de violences, des membres du clergé et des représentants d’œuvres caritatives. Notons que la tournée africaine est le quarantième voyage du Souverain Pontife depuis son élection le 13 mars 2013. C’est la première fois que le Soudan du Sud, un nouvel Etat, reçoit un pape. Pour la RDC c’est la deuxième, après la visite du pape Jean Paul II en 1985.

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