La rédaction 2 février 2025

Le patron des gendarmes, Hubert Bonneau, appelle les pouvoirs publics à renforcer les moyens de son unité dans la perspective d’un possible conflit armé.

Le ton est grave et les mots savamment choisis. Dans un document interne adressé à l’ensemble de son personnel et parcouru par Le Monde, le Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), fait un état des lieux des menaces susceptibles de viser la France.

« Depuis l’invasion russe en Ukraine, la possibilité d’un conflit armé et d’une agression du sanctuaire national doit être sérieusement envisagée », écrit-il dans cette missive en date du 19 janvier 2025, évoquant « un point de bascule » pour le pays.

L’expression avait déjà été utilisée, comme le rappelle le quotidien du soir, par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le 1er novembre 2024 à Poitiers, en réaction à une fusillade intervenue dans cette localité rennaise et impliquant cinq adolescents de 15 et 16 ans blessés par balles, dont un grièvement.

Un incident attribué aux « narcoracailles », qui n’auraient plus de limites, d’après le patron de la Place Beauvau, insistant sur « le choix entre la mobilisation générale ou alors la mexicanisation du pays ».

Criminalité organisée et réforme structurelle

Cette menace intérieure écartelée sur deux fronts, dont la criminalité organisée et les trafics de stupéfiants, est à l’origine d’une récente réorganisation des services d’enquête de la gendarmerie. De quoi faire naître l’unité nationale de police judiciaire confiée au général de division Sylvain Noyau.

Selon Le Monde, cette nouvelle structure censée être pleinement opérationnelle d’ici fin 2025, vise à centraliser et optimiser les capacités d’investigation, de renseignement criminel et d’expertise criminalistique jusqu’alors dispersées. Mais cela ne suffit manifestement pas.

Puisque Hubert Bonneau évoque « l’hypothèse d’un engagement majeur » et la nécessité de renforcer les « savoir-faire tactiques et opérationnels militaires » de ses troupes. La situation immobilière de la gendarmerie illustre l’étendue des besoins. Sur les 3 728 casernes que compte l’institution, 430 nécessitent des travaux urgents de rénovation, à en croire le DGGN.

Une réalité budgétaire contraignante

Cependant, ces ambitions se heurtent à une réalité budgétaire contraignante marquée par des coupes tous azimuts. L’ancien commandant du GIGN ne cache d’ailleurs pas la nécessité de « faire des choix » dans un contexte de « volatilité inédite du contexte politique ».

L’institution fait face à des difficultés de recrutement sans précédent, devant renouveler 15% de ses effectifs chaque année, comme l’a souligné la Cour des comptes dans un rapport de 2023. « Un phénomène de fond installé depuis la fin de la crise sanitaire », pointe ce document.

La fidélisation du personnel constitue également un défi majeur, alors même que les exigences opérationnelles ne cessent d’augmenter. Autant dire que cette situation de la gendarmerie relève d’un équilibre délicat nécessitant des arbitrages difficiles.

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